Le jardin au bois dormant
Publié le 20-01-2001 à 00h00
LE BILLET
Je voudrais vous raconter une belle histoire. Il était une fois, dans les Cornouailles, un domaine qui s'appelait Heligan. Cette propriété comportait un manoir entouré d'un parc où furent plantés une foule d'arbres venus de tous les lointains horizons de l'Empire britannique. Mais l'héritier du domaine préféra vivre en Italie, abandonnant progressivement la propriété après la Première Guerre mondiale.
La nature eut vite fait de reprendre ses droits sur les jardins. Jusqu'au jour de 1990 où deux amis pénétrèrent dans le domaine. Ce qu'ils découvrirent changea leurs vies. De grands arbres avaient poussé dans le vaste potager emmuré. Les serres étaient éventrées, recouvertes de lierre et de ronces. Toutes les structures des jardins, des allées pavées aux murets en passant par les gloriettes, les pièces d'eau ou les bâtiments des jardiniers étaient en ruine, mangées par la végétation.
Ce fut un grand coup de foudre. Pourquoi ne pas restaurer ces jardins? Convaincus par les deux passionnés, les derniers héritiers en date acceptèrent de confier Heligan à une fondation. La restauration progressive du domaine grâce à des chantiers de bénévoles fut suivie par les émissions de jardinage à la télévision et passionna toute l'Angleterre.
Aujourd'hui ouverts au public, le parc, les potagers, les serres à vignes, à melons ou à pêchers, les parcelles à fleurs coupées, la champignonnière, tout est rétabli et entretenu comme au temps de la splendeur de Heligan.
Dans le petit bureau où étaient entreposées les semences, je me suis mis à rêver. Pour un jardinier, travailler ici devait être une consécration. Dans des couches chauffées au fumier, ces maîtres de savoir-faire produisaient même des ananas.
© La Libre Belgique 2001