Mesdames les bergamotes

Alors que bien des espèces sont en graines dès le mois d'août, les monardes, ces grandes plantes vivaces, font surtout merveille pour maintenir un parterre vivement fleuri jusqu'en septembre.

Luc Noël

Le thé Earl Grey est parfumé à l'essence de bergamote. Mais qu'est-ce que la bergamote? La question inspirerait certainement la bande des joyeux compères du Jeu des dictionnaires. Parmi les définitions les plus loufoques, la bonne réponse devrait être évidente: les bergamotes sont des plantes venues des grandes prairies de l'est des Etats-Unis.

Outre l'huile essentielle pour le plus british des thés de cinq heures, les feuilles aromatiques de ces cousines des menthes produisent aussi le thé d'Oswego, un succédané du thé commun surtout connu outre-Atlantique. Dans les jardins, les bergamotes sont appelées monardes en l'honneur d'un botaniste et physicien espagnol, Nicolas Monardes (1493-1588), auteur de la première flore médicinale d'Amérique du Nord. Ces plantes fortement aromatiques font merveille au jardin pour maintenir colorés les parterres de vivaces. Alors que beaucoup de plantes cessent de fleurir en août, les monardes restent épanouies durant le mois de septembre. Ensuite, les tiges séchées habillent le jardin durant l'hiver.

LA CHEVELURE DU DIABLE

La plupart des monardes cultivées dans les jardins sont des cultivars issus de Monarda didyma. Cette grande vivace parfaitement rustique dans nos régions forme avec le temps de fortes touffes aux tiges simples, dressées et quadrangulaires. A l'extrémité de ces tiges s'élevant au moins à nonante centimètres, apparaît en juillet un capitule de fleurs portant à sa base une collerette de bractées teintées de rouge. L'aspect hirsute de l'ensemble a valu jadis aux monardes un nom commun pétri de superstition: chevelure du diable. Chaque fleur est composée de deux lèvres: une supérieure dressée d'où s'échappent les étamines et une inférieure découpée en trois lobes. Feuilles, tiges et fleurs dégagent une senteur particulière quand on les froisse.

Peu exigeantes, les monardes poussent dans quasiment toutes les terres. Néanmoins, elles marquent une préférence pour les sols légers bien drainés, mais suffisamment frais car ces plantes sont sensibles à la sécheresse. Si le sol est exagérément sec ou sablonneux, il faut donc créer une poche de plantation remplie d'un mélange de bonne terre de jardin et de terreau de qualité. Les monardes aiment profiter d'une bonne luminosité mais redoutent l'insolation directe durant les heures chaudes de la journée. Un excès de soleil a pour effet de réduire fortement la durée de la floraison. C'est en septembre-octobre que les monardes sont plantées en sol correctement drainé. Dans les terrains plus lourds, il faut attendre le printemps. La distance de plantation entre chaque plante: une trentaine de centimètres.

COUVRIR LE SOL SOUS LES PLANTES

Les monardes peuvent pousser de longues années à la même place car elles épuisent peu le sol. Même si ces plantes sont peu gourmandes, un apport d'éléments nutritifs de temps à autre leur donnera vigueur et abondance florale. À la fin de l'hiver, on enfouira donc autour des souches du compost ou un bon engrais complet.

Lorsque les plants de monardes occupent un emplacement particulièrement ensoleillé ou un sol qui s'assèche rapidement, un flétrissement du feuillage peut être rapidement constaté. Il faut alors ameublir le sol par un griffage et arroser copieusement chaque touffe. Ces arrosages doivent toujours être effectués en soirée de manière à permettre aux plantes de profiter au mieux de l'eau mise à leur disposition. Pour éviter un dessèchement trop rapide du sol, une couche de compost bien décomposé ou de tontes de gazon (deux à trois centimètres au maximum) sera la bienvenue. Cette couverture permettra aussi un enrichissement du sol en humus. Les tontes de gazon épandues entre les plantes, sans les toucher, limitent également la pousse des herbes indésirables.

UNE DIVISION RÉGULIÈRE

Après quelques années, les touffes de monardes ont tendance à se dégarnir au centre. Deux possibilités s'offrent alors au jardinier: soit récupérer les rejets extérieurs et les replanter au milieu de la touffe dans du nouveau terreau, soit, beaucoup plus simple, diviser les plantes. La division des fortes touffes est effectuée après les dernières gelées ou en septembre-octobre. Il est aussi possible de récolter les drageons qui s'éloignent de la souche en les coupant juste sous le niveau du sol car il faut impérativement prélever une portion de tige munie de racines pour réussir l'opération. Ce procédé est également applicable au printemps ou en automne.

Enfin, la technique du bouturage, peu utilisée par les jardiniers amateurs, consiste à utiliser l'extrémité des bourgeons et à les repiquer sous châssis dans un substrat composé de sable du Rhin et de terreau dans des proportions égales. Le prélèvement des boutures est effectué au printemps ou en été.

© La Libre Belgique 2001


Quelques variétés de valeur Quelques monardes figurent toujours au catalogue des bonnes pépinières. Cambridge Scarlet, rouge écarlate, est la plus connue. Aquarius, d'un violet assez clair, se marie bien avec les plantes rouges ou bleues. Les monardes se déclinent encore sous d'autres couleurs: Beauty of Cobham est rose, Croftway Pink est rose vif. Des cultivars présentent même des teintes lilas, fuchsia et blanches.

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