C’est si compliqué de se concentrer...

Avec ou sans Rilatine, Concerta ou Strattera ? Sur ou sous-diagnostiqué ? Sujet à controverse par excellence, le TDA/H ou trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité fait systématiquement l’objet de débats houleux, que ce soit au niveau du diagnostic ou de l’approche thérapeutique.

L.D.

Avec ou sans Rilatine, Concerta ou Strattera ? Sur ou sous-diagnostiqué ? Sujet à controverse par excellence, le TDA/H ou trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité fait systématiquement l’objet de débats houleux, que ce soit au niveau du diagnostic ou de l’approche thérapeutique. "Au lieu de focaliser uniquement sur la médication du trouble, qui n’est qu’un angle extrêmement réducteur et réductionniste du problème, estime Pascale De Coster, fondatrice TDA/H Belgique, il serait bon de s’intéresser aux causes du trouble et à ses conséquences." Dans cet esprit aura lieu, le vendredi 24 septembre prochain à Bruxelles, un colloque intitulé "Informer et éduquer pour une meilleure sensibilisation au TDA/H". (Voir notre encadré ci-contre.)

Défini comme "un trouble neurologique se caractérisant par une tendance excessive à la distraction et des difficultés de concentration, parfois accompagné d’hyperactivité ou d’impulsivité", le TDA/H toucherait de 3 à 5 % des enfants en âge scolaire et, dans une moindre proportion, des adultes. D’importantes difficultés d’adaptation scolaire et sociale, ainsi que d’apprentissage en sont les principales conséquences. "La problématique du TDA/H est exemplaire de la notion de handicap cognitif, poursuit Pascale De Coster, d’origine neurodéveloppementale, les perturbations neurocognitives de ce trouble se trouvent essentiellement au niveau des fonctions exécutives. Tous ces troubles cognitifs neurodéveloppementaux sont à l’origine d’autant de handicaps cognitifs chez les enfants exempts de troubles intellectuels ou psycho-affectifs : abandon de l’école, peu d’accès aux études supérieures, difficulté d’intégration sociale, médiocres performances professionnelles, grossesses précoces chez les adolescentes, risque accru de troubles de la personnalité "

Pour toutes ces raisons, l’association préconise une prise en charge adaptée "permettant d’envisager une bonne intégration scolaire des enfants, un apprentissage permettant d’aboutir sur une qualification et une bonne intégration au tissu social". Toujours selon Pascale De Coster, "aujourd’hui, en Belgique, une majeure partie de ces enfants n’est pas détectée et rencontre de graves difficultés scolaires, vivant dès le plus jeune âge des traumatismes d’exclusion, de harcè lement moral, de disqualifications".

Quant à savoir qui pose le diagnostic et comment il est posé, "un médecin est la seule personne habilitée à poser le diagnostic qui doit toujours être différentiel", poursuit la fondatrice de l’association, qui vise en l’occurrence principalement les pédopsychiatres et les neuropédiatres, médecins spécialisés dans cette pathologie chez l’enfant. En l’absence de test biologique spécifique permettant d’identifier le TDA/H, le diagnostic est établi sur les antécédents complets de l’enfant, des informations collectées auprès de l’entourage proche de l’enfant (parents, frères et sœurs, enseignants ) Pour affiner le diagnostic, on peut aussi recourir à des tests d’attention, psychomoteurs, de langage ou encore de QI.

"L’enfant doit présenter des symptômes d’inattention ou d’agitation-impulsivité avec constance, fréquence et intensité, précise toujours Pascale de Coster, ils doivent persister depuis six mois au moins et s’avérer plus fréquents et plus sévères que ce que l’on observe habituellement chez des enfants du même âge. Ces symptômes doivent s’être manifestés dans plus d’un milieu ; par exemple à l’école et à la maison. Ils doivent en outre affecter les apprentissages scolaires ou le fonctionnement social de l’enfant."

Enfin, pour ce qui concerne le traitement, il sera, dans la mesure du possible, multimodal, l’approche pouvant être à la fois psycho-éducative (information, modification ou adaptation du mode d’éducation et d’enseignement), rééducative (psychomotricité, logopédie, thérapie cognitive), psychothérapeutique (thérapie comportementale, d’inspiration analytique, d’affirmation de soi ou familiale, selon les cas) et médicamenteuse. "La médication n’est toutefois pas un remède, concède encore Pascale De Coster, elle ne modifie pas la personnalité de l’enfant, mais améliore son autocontrôle, son attention, sa persévérance et sa réflexion, tout en diminuant l’agitation, le niveau d’activité, d’impulsivité ou d’hyperactivité".

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