Si nos entreprises adoptaient l’holacratie ?

Van Campenhout Patrick
Illustration - A boss figure sits on scrabble pieces forming the word "TEAM" in front of employee figures in Berlin, Germany, 29 December 2007. Photo: Berliner Verlag/S.Steinach Reporters / DPA
Illustration - A boss figure sits on scrabble pieces forming the word "TEAM" in front of employee figures in Berlin, Germany, 29 December 2007. Photo: Berliner Verlag/S.Steinach Reporters / DPA ©Reporters / DPA

Découverte Patrick Van Campenhout Les sites d’info à sensation ne se lassent pas de reprendre le cas de l’entreprise de création de jeux vidéo américaine Valve. On y trouve bien un patron fondateur, mais pour le reste, les employés sont traités sur le même pied. Qui "gère" ? Tout le monde. Enfin, tout le monde participe au choix des nouveaux, à l’évaluation du travail de chacun et, surtout, à la création de valeur.

Une utopie qui fonctionne ponctuellement dans un secteur bien précis ? Il y a sans doute de ça, mais le phénomène intéresse, surprend, et s’étend, notamment dans le secteur des jeunes entreprises de services dématérialisés. C’est-à-dire une bonne partie de la création de richesse dans les économies développées.

Comment ça marche ? C’est toute la question. On se retrouve ici dans un schéma où la structure pyramidale du pouvoir et de la gestion de l’information en entreprise, avec ses courants ascendants et descendants, parfois fort lents, fait place à une organisation plate, sans hiérarchie, sans managers, sans titres ronflants du genre "senior vice-president", avec une théorie de mots anglais pour faire bien.

Intégrer cette philosophie de gestion est relativement aisé dans de jeunes sociétés comme l’américaine Zappos (vente de vêtements en ligne) qui compte 4 000 employés et qui, en dépit de son succès commercial, est en phase de restructuration sur le modèle "holacratique" (terme dérivé de "holarchie" : qui est composée d’entités autonomes mais reliées à une entité supérieure dont elles font partie). Le boss de la boîte, Tony Hsieh, a récemment rassemblé ses employés pour leur soumettre le nouveau modèle de gestion sans hiérarchie, qui va remplacer la structure actuelle classique d’ici à la fin 2014. Un changement radical et rapide qui instaure l’autogestion ou l’autogouvernance, sans titres, sans directeurs. Ceci impliquant, entre autres, l’abandon d’une partie du pouvoir détenu par le patron et par les ex-managers au profit de… la collectivité. L’entreprise - (rachetée par Amazon) qui aligne les milliards de chiffre d’affaires, qui compte quelque 4 000 employés, et figure régulièrement dans le classement des meilleurs employeurs - va se restructurer en 400 cercles au sein desquels les employés peuvent assumer plusieurs rôles de manière transparente, centrée sur la productivité, sans bureaucratie, en fonction d’objectifs définis. Les managers y redeviennent des employés comme les autres. Un projet à suivre.

L’holacratie est toutefois déjà appliquée au sein de la start-up Medium, créée par le cofondateur de Twitter, Ev Williams. Sa plateforme de publication occupe déjà une cinquantaine de personnes dont Ev Williams souhaite qu’elles travaillent dans la plus grande autonomie, au plus haut niveau, sans étranglement, notamment au niveau… du CEO qui ne doit pas devenir lui-même un frein au développement de l’entreprise.

Chez Valve, le développeur de jeux vidéo (Half Life,notamment), il n’y a jamais eu de structures strico sensu. Ici, on fonctionne par projets, et la direction d’un projet est prise par une personne de manière naturelle, lorsqu’il en vaut le coup. Si un projet proposé par un des employés-partenaires semble sans avenir, personne ne s’en occupe, tout simplement, et on passe à autre chose. Un modèle audacieux ? Reproductible ? Pour la revue en ligne "Mashable", qui éditait un article à ce propos le 4 janvier, c’est probablement "The Hot Management Trend for 2014".

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