Une conversation qui la fout mal
- Publié le 07-02-2014 à 17h36
- Mis à jour le 07-02-2014 à 17h35
C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé. Une digne représentante du gouvernement réputé pour ses écoutes téléphoniques partout dans le monde, en l’occurrence la secrétaire d’Etat américaine pour les Affaires européennes et eurasiatiques Victoria Nuland, a été elle-même victime d’oreilles indiscrètes. Une de ses conversations avec l’ambassadeur des Etats-Unis à Kiev, Geoffrey Pyatt, a été interceptée, enregistrée et… diffusée urbi et orbi sur Internet.
Pas de chance pour cette responsable (?) politique, dont les trois premières lettres du nom de famille semblent tout à fait appropriées, cette conversation ne portait pas sur les conditions météo dans la capitale ukrainienne, mais sur les mérites respectifs des leaders de l’opposition au président Ianoukovitch et la perspective de les voir former un gouvernement.
Difficile, après cela, de nier l’ingérence de Washington dans le jeu politique ukrainien. Mais il y a pire. En se réjouissant à l’idée que l’Onu puisse intervenir, Mme Nuland raillait la passivité des Européens d’un sonore "Fuck the EU".
Envoyer des alliés "se faire foutre" ne ressortit pas précisément au langage diplomatique, encore moins à la courtoisie de mise entre partenaires et amis. Cela dit, les Européens n’ont pas été exagérément outrés. Il se murmure qu’ils ont même été flattés. Eux qui ont si rarement des c… dans leurs rapports avec les dictateurs, sont surpris qu’on puisse éventuellement penser le contraire à Washington.
Le plus étonnant est encore la réaction des Américains après la découverte du pot aux roses. Ils reprochent aux Russes d’être "tombés bien bas" en exploitant l’incident. Alors là, il faut bien convenir qu’ils auraient eu tort de s’en priver.