"Il ne faut pas sous-estimer l’impact psychologique d’une poignée de main"
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Publié le 16-09-2018 à 17h26
Si la politique ne s’envisage plus sans une présence massive sur les réseaux sociaux, le bon vieux porte-à-porte reste un incontournable des campagnes électorales. Surtout dans le cadre d’un scrutin local où la proximité entre le candidat et l’électeur pèse davantage que lors d’une élection à une échelle plus large (régionale ou nationale). "La technique du pied dans la porte, c’est vraiment le nerf de la guerre, analyse Nicolas Baygert, expert en marketing politique (ULB et Ihecs). Il ne faut pas sous-estimer l’impact psychologique d’une simple poignée de main, d’un échange en face à face. Le relationnel demeure un puissant levier pour convaincre l’électeur."
"En 1966, des chercheurs ont mis en évidence les conditions d’efficacité de la technique, poursuit-il. Si une personne a un contact direct avec un candidat, elle sera davantage susceptible de se soumettre à une requête plus importante, comme coller une affiche sur la fenêtre, voire se mobiliser dans l’équipe de campagne. On est là dans la psychologie de l’engagement. Le fait d’avoir une interaction relationnelle déclenche une relation bien différente qu’une sollicitation sur les réseaux sociaux."
La rencontre avec le citoyen active aussi un autre levier, celui de la notoriété. "Il y a souvent une connaissance vague des équipes politiques locales. On connaît le bourgmestre, quelques personnalités qui participent à la vie de la commune. Mais on n’a pas toujours une vue d’ensemble sur l’offre concurrentielle. Rencontrer les gens permet d’augmenter son capital notoriété, d’exister aux yeux d’une série de citoyens. D’autant plus que les partis politiques ont en grande partie perdu le lien direct avec le citoyen. L’idée, c’est vraiment de recréer du lien."
"Ces démarches politiques traditionnelles, constate M. Baygert, ont même fait leur retour lors de la présidentielle française. Elles visent à créer un contact, une interaction. On a plus de chances de faire impression avec la technique du pied dans la porte qu’avec un tract sur Facebook, un tweet, voire un archaïque mailing. Et plus, c’est l’occasion d’aborder le citoyen à moindre coût."
Facebook, outil de planification
Bien sûr, "soigner son capital notoriété peut également se faire sur les réseaux sociaux, poursuit l’expert. Les réseaux sociaux permettent d’exister, de mettre en avant sa candidature qui passe peut-être sous le radar des journalistes. Ils permettent aussi de rendre publiques certaines prises de position. Cela dit, la notoriété qu’on a en ligne dépasse les frontières de la commune. Il est dès lors difficile de savoir si les likes que l’on reçoit sur ses posts correspondent au terrain sur lequel on s’engage. Mais on peut aussi faire un usage beaucoup plus opérationnel des réseaux en organisant le travail de terrain", comme la planification des actions des militants sur les groupes Facebook. Les réseaux sociaux deviennent alors "des outils de mobilisation et d’organisation". En conclusion, "les deux techniques, en ligne et hors ligne, sont complémentaires. Les réseaux sociaux aident à établir une stratégie de campagne, mais ils ne remplacent pas le travail de terrain".
A. C.