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Pour donner ou redonner confiance en soi à des adolescentes qui se cherchent, rien de mieux qu’un retour à la vraie vie !Entretien Isabelle Monnart Originaire de la région liégeoise, Chrystelle Charlier a travaillé pendant dix-sept ans comme professeur de français. En presque deux décennies passées dans l’enseignement, elle a été aux premières loges de l’évolution du rapport de ses jeunes élèves avec leur image. Alors, quand elle a créé son blog, www.imparfaites.be, c’est tout naturellement qu’elle a eu envie de transmettre ses conseils et sa vision positive des femmes et des jeunes filles. D’autant qu’entre-temps, Chrystelle avait suivi une formation de coach en image et pratiqué pendant deux ans. Repérée par certaines marques qui cherchaient alors des spécialistes en marketing digital, elle a franchi le pas. "Un coach en image, ce n’est pas un coach de vie", nuance-t-elle. "C’est simplement une manière d’accompagner les gens pour qu’ils valorisent leur image. L’étude de style vous permet, par exemple, de savoir ce qui vous va ou pas."
Après avoir, ponctuellement, travaillé pour la marque Dove en tant que blogueuse, elle collabore donc aujourd’hui au projet Dove Self Esteem, sur les rails depuis 15 ans déjà. "Le but était que je donne mon avis en tant qu’observatrice des réseaux sociaux au quotidien et en tant que maman", poursuit Chrystelle Charlier.
Vous avez connu le monde sans les réseaux sociaux…
Ah oui, bien sûr. J’ai vu cette installation lente… Et à la fois très rapide. Mais par contre, l’impact est, selon moi, ravageur. Les chiffres du rapport commandé par Dove sont ahurissants : une jeune fille belge sur quatre se sentirait obligée d’apparaître sous son meilleur jour sur les réseaux sociaux ! Et je pense que cela va aller en empirant… Le problème des réseaux sociaux, c’est qu’ils ont donné un droit aux gens de valider ou invalider quelque chose. En l’occurrence la vie des jeunes filles. Les gamines vivent avec cette pression - les adultes aussi, mais moins puisqu’en principe, on a résolu certains problèmes. Mais une ado qui va poster une photo et qui ne trouve pas l’approbation de ses pairs ne le vit vraiment pas bien. Je le voyais au quotidien quand j’étais prof, et je le vois encore dans l’entourage de ma fille.
D’autant qu’aujourd’hui, LE réseau sur lequel il faut être, c’est Instagram, soit le tout à l’image…
Bien sûr ! Instagram est sans doute le réseau le plus faux qui soit, parce qu’on n’y poste que des images idéalisées de sa vie. Forcément, la comparaison avec la vie réelle est carrément cruelle et l’on donne le droit aux gens de valider ou pas ce que l’on vit puisqu’ils choisissent de dire s’ils aiment ou s’ils n’aiment pas. Et puis, il y a Tik Tok, l’ancien Musical.ly qui, pour moi aussi, est dangereux au possible. J’ai vu une amie de ma fille en larmes parce qu’elle perdait des abonnés…
Comment fait-on pour expliquer à son enfant, ou à des adolescentes, pour leur expliquer que tout ça, au fond, n’est pas si grave ?
La difficulté, c’est que pour la plupart, les parents ne sont pas informés. Un parent ne sait pas concrètement ce qu’est Instagram ou le voit de façon complètement anodine comme un endroit où on poste des photos. Tant qu’on n’est pas informé et formé aux réseaux sociaux, on met son enfant en danger. On laisse faire des choses sans les comprendre… Pour moi, le dialogue est quotidien. J’en parle avec ma fille depuis qu’elle a 5 ans, elle a grandi là-dedans de par mon métier. La comparaison entre le réel et le virtuel, je la fais tout le temps avec elle. Les enfants doivent grandir avec la conscience du danger des filtres : elles vivent toutes avec un filtre sur le visage qui fait que leur image réelle, dans le miroir, ne leur plaît plus. Et qu’elles veulent le changer dans le monde réel aussi ! Au début des filtres Snapchat, j’avoue que j’ai aussi joué. Même sur moi qui avais 35 ans à l’époque, ça avait une influence ! Cette possibilité donnée tout le monde de se falsifier le visage fait que l’on s’aime moins. Alors, vous imaginez l’impact sur des enfants, qui sont en train de se chercher ? C’est vrai que c’est mignon d’avoir de très grands yeux et un tout petit nez tout fin, mais ce n’est pas réel.