L’énergie belge à la petite semaine
Un édito de Xavier Ducarme.
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Publié le 05-02-2023 à 22h14
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Que celui qui comprend encore la trajectoire prise par la Belgique en matière d’énergie nucléaire lève le doigt…
Alors que l’on avait cru, début janvier, que la Vivaldi s’était plus ou moins accordée sur l’arrêt de cinq réacteurs et la relance, après un arrêt d’un an, des deux autres, voilà que, moins d’un mois plus tard, patatras, tout est à nouveau remis en cause, le gouvernement ayant demandé d’étudier l’éventualité de maintenir en activité les plus anciens des réacteurs nucléaires du pays. Egbert Lachaert, le président de l’Open VLD, le parti du Premier ministre, ayant même émis ce samedi l’idée de tout remettre à plat, en remplaçant l’actuelle loi de sortie du nucléaire de 2003 par un nouveau texte, qui reverrait totalement le calendrier de l’abandon de l’atome. La raison de ce nouveau changement de cap ? Un rapport d’Elia, le gestionnaire du réseau électrique belge de haute tension, qui pointe les risques que ferait courir aux Belges l’arrêt des centrales nucléaires lors des hivers 2025-2026 et 2026-2027. Une nouvelle donne qui, certes, semble donner raison à ceux, MR, Défi et Les Engagés en tête, qui alertent depuis des mois sur les dangers d’un désengagement précipité. Mais ce nouvel épisode démontre dans le même temps combien notre pays souffre depuis bien longtemps d’une absence béante de vision stratégique en matière énergétique.
La fission nucléaire est une technologie qui, certes, produit de l’électricité en abondance sans lâcher de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, mais qui en revanche n’a jamais réussi à faire la preuve de sa totale innocuité, tant en matière de sécurité que de gestion des déchets.
La question n’est donc pas tant de savoir s’il faut quitter le nucléaire, mais comment il faut le quitter, selon quel scénario, réaliste, équilibré et surtout stable. Et là, le monde politique donne le sentiment une nouvelle fois de ne pas savoir où il va. Vingt ans après avoir voté la loi de sortie, après 20 ans de tergiversations, de compromis boîteux, de marches arrières et d’engagements non tenus, nous voilà au pied du mur, contraints de gérer à la petite semaine une urgence qui était largement évitable. Déplorable.