Le choix des lâches aux Nations unies
Un édito de Philippe Paquet.
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Publié le 25-02-2023 à 07h47
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Si le conflit ukrainien s'apparente à une guerre de tranchées, le front diplomatique paraît lui aussi figé. Un an d'atrocités et de destructions n'y a pas modifié le rapport de force. Il n'a pas même fait bouger les lignes. Si l'on compare les résolutions votées par l'Assemblée générale des Nations unies le 2 mars 2022 et le 23 février 2023, l'immobilisme ne pourrait pas être plus flagrant. Quelques jours après le déclenchement des hostilités, 141 pays, sur les 193 membres de l'Onu, avaient appelé à y mettre fin, 5 s'y étaient opposés, et 34 s'étaient abstenus. Un an plus tard, 141 États ont de nouveau réclamé "une paix juste et durable", tandis que 7 votaient contre et 32 s'abstenaient.
On n’épiloguera pas sur le choix du Mali et du Nicaragua de rejoindre le petit cercle des affidés de Moscou. On se demandera seulement ce qu’il reste de fierté à leurs dirigeants pour rechercher ainsi la compagnie de la Biélorussie, de la Corée du Nord, de l’Érythrée et de la Syrie de Bachar al-Assad - quatre États voyous depuis longtemps au ban des nations.
On s’intéressera plutôt à la trentaine d’abstentionnistes (à peu près les mêmes d’un vote à l’autre), sans oublier la douzaine d’absents qui ont préféré se cacher plutôt que prendre publiquement position (quasiment toujours les mêmes, là aussi). On en conclut que près d’un quart des membres de l’Onu n’a pas d’avis à exprimer sur l’agression d’un pays souverain par son puissant voisin, et sur le martyre qu’endurent les populations.
Menant cette cohorte de lâches, il y a des dictatures, comme la Chine et l’Iran, mais aussi deux grandes démocraties, l’Inde et l’Afrique du Sud. Ce qui interpelle également, c’est que la moitié d’entre eux sont des pays africains. Ils bénéficient bien sûr des largesses de Pékin et de Moscou, sur qui ils s’alignent par conséquent. On n’en est pas moins consterné de voir d’anciennes victimes de la colonisation faire si peu de cas de l’indépendance nationale quand elle est en péril ailleurs.