"On a deux types de clients : ceux à qui on propose des lieux magiques, et ceux auxquels on garantit un rendement de 4% minimum"
Libre Immo | Collectible.house a levé 2,5 millions d’euros et acquis un premier bien à Sancerre, en France.
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- Publié le 07-09-2023 à 12h01
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L'immobilier de luxe, David Chicard le connaît bien : il a été CEO de la branche belge de Sotheby's International Realty pendant une décennie (trois bureaux à Anvers, Bruxelles et Lasne, 50 collaborateurs, plus d'un milliard d'euros de biens gérés et vendus) avant d'en céder la licence à Philippe Gillion en 2022. La France, il la connaît bien aussi : il est Français, Bourguignon plus exactement. C'est d'ailleurs en décidant de réinvestir la maison familiale en Bourgogne que lui est venue l'idée de Collectible.house, un fonds immobilier rassemblant une collection de maisons dédiées au tourisme. "Son succès locatif - sept mois par an alors que nous pensions arriver tout au plus à quelques semaines - a joué mais ce qui m'a surtout décidé c'est son impact sur les locataires, raconte le jeune quadragénaire. Cela m'a beaucoup plu de les voir repartir avec le sourire, de participer, en quelque sorte, à leurs souvenirs."
Professionnaliser les gîtes
De l’idée à la réalisation, les choses ont été vite. David Chicard vient, en effet, d’engranger la première composante de sa future collection et de lever deux millions et demi d’euros auprès d’investisseurs privés.
S'il n'a pas choisi la Bourgogne, lui préférant trois autres régions de France - Sancerre (Centre-Val de Loire) et Deauville (Normandie) à deux heures de Paris, Aix-en-Provence (PACA), aisément joignable par TGV - c'est que son idée ne se limite pas à parsemer l'Hexagone de dizaines de biens au gré des opportunités mais de les concentrer autour d'un lieu rassembleur commun.
"La maison idéale compte quatre à cinq chambres pour garder le format 'cocooning', détaille-t-il. Mais nous en envisageons une dizaine dans un rayon de quelques minutes à pied autour d'un bâtiment central abritant restaurant, salons, salle de séminaires… afin d'accueillir réunions de famille, mariages, team buildings…" Ce qui pourra d'emblée être le cas de la première acquisition du fonds, le Château de Sancerre. "Nous avons eu la chance de rencontrer une famille qui cherchait à céder son domaine. J'en suis tombé amoureux. La région est magnifique et, pourtant, sous-exploitée en termes touristiques. Peu de gens savent d'ailleurs exactement où est localisé Sancerre, alors que près de 25 millions de bouteilles sortent du vignoble chaque année." Les seize chambres, la table d'hôtes, les espaces de séminaire et le restaurant gastronomique devraient ouvrir leurs portes fin 2024.
"On va faire du para-hôtelier haut de gamme sans être de luxe, c’est-à-dire dans des fourchettes de prix de 5 000 à 15 000 euros la semaine. Mais l’objectif va plus loin puisqu’il s’agit de professionnaliser l’offre de gîtes touristiques. Notre fil rouge : des lieux uniques, des demeures à l’architecture atypique, des aménagements artistiques (mobilier de collection, œuvres d’art signées par de jeunes artistes…), assortis de services personnalisés. Ceux-ci seront gérés par un ‘maître des lieux’ mis à disposition des clients afin de leur proposer des séjours sur-mesure (balades, sports, dégustations, repas à domicile, dîners exclusifs…)"
Rendement de 4 % garanti
Mais si David Chicard compte bien gâter ses clients, il en fera de même avec ses investisseurs. "On a deux types de clients, sourit-il. Ceux à qui on propose des lieux un peu magiques, et ceux qui investissent et auxquels on garantit un rendement de 4 %, jusqu'à 10 %." Les deux millions et demi d'euros levés représentent plus de 30 % de l'objectif de sept millions permettant d'en emprunter huit, s'enorgueillit-il. "Auprès de privés belges, principalement bruxellois et anversois." De par ses années à la tête de Sotheby's Realty, il en connaît davantage que de Français mais sans doute ceux-ci viendront-ils dans un second temps.
L'objectif est déjà une belle gageure : deux à trois maisons dans chacune des trois zones ciblées d'ici trois ans, une vingtaine au total dans une ou deux zones de plus d'ici cinq ans, et une centaine d'ici dix ans. "Ce genre de grands domaines comptant deux ou trois bâtiments se trouve encore facilement en France", minimise-t-il.
Au titre de quatrième et cinquième zones, David Chicard évoque "une autre région française" (Bretagne ? Champagne ?) et… la Belgique. Pas tant la Wallonie qu'il juge déjà "saturée" en la matière et peut-être "trop réglementée" mais la Côte.