Incident à la Commission Lumumba
Les auditions de témoins organisées dans le cadre des travaux de la Commission Lumumba ont accouché lundi de leur premier incident, alors qu'Albert Ndele, ex vice-président du Collège des Commissaire généraux institué fin 1960 par Joseph Mobutu, était entendu sous serment
Publié le 24-06-2001 à 00h00
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A l'issue de son témoignage qui n'a convaincu aucun des commissaires présents, le président de la Commission, Geert Versnick, passablement énervé et tapant du poing sur la table, a déclaré à Albert Ndele: "Vous mentez, c'est clair et net!".
"Ce témoignage m'inspire que ce que vous venez de dire n'est pas véridique et n'est pas conforme aux réalités, vous essayez de nous cacher pas mal de choses", a dit Geert Versnick. Nous avons toutes sortes de documents qui attestent que vous palabriez à l'époque à propos du gouvernement de Patrice Lumumba, vous occupiez de hautes fonctions et vous nous dites que vous ne discutiez pas politique, "vous vous foutez de nous!", a répété à deux reprises le président.
Interrogeant le témoin à plusieurs reprises sur son rôle politique au début des années 60 et sur la vision qu'il avait de Patrice Lumumba et du président Joseph Kasa Vubu, les commissaires ont eu comme réponse d'Albert Ndele que le Collège des Commissaires généraux ne s'occupait que de la gestion administrative de l'Etat congolais, en attendant que Patrice Lumumba et Joseph Kasa Vubu -qui s'étaient destitués mutuellement- se réconcilient.
De même, lorsqu'il était chef de cabinet du ministre des Finances dans le gouvernement Lumumba quelques mois plus tôt, Albert Ndele ne se souvient pas d'avoir eu des prises de position politiques par rapport à l'ex-premier ministre assassiné. Il était un jeune étudiant sans expérience qu'on était venu chercher pour faire fonctionner l'administration de l'Etat.
Lorsque la Commission demande au témoin son avis sur un télex dans lequel Jean Bruck, l'homme de la CSC à Léopoldville, évoque un groupe qui a pour objectif le renversement et la liquidation du gouvernement Lumumba dans lequel un des meneurs serait Albert Ndele, ce dernier répond qu'il s'agit d'affabulations.
La Commission demande alors ce qu'était le groupe Binza qui regroupait différentes personnalités telles que Joseph Mobutu, Victor Nendaka (chef de la Sûreté), Justin Bomboko (Affaires étrangères).
"C'était un groupe de quartier", répond Albert Ndele. "Et vous jouiez au football et aux cartes ou vous parliez politique?", s'interroge Geert Versnick. "Nous parlions administration", répond encore M. Ndele.
Concluant qu'ils ne pourraient obtenir à leurs questions des réponses qu'ils auraient estimées plus proches de la vérité, les Commissaires ont alors mis fin à l'audition et ont prié Albert Ndele de quitter les lieux.
