Chuter ou conclure: il faudra choisir

Vincent de Coorebyter, directeur général du Centre de recherche et d'information socio-politiques, étudie le positionnement des partis.Le gouvernement n'a pas encore terminé son oeuvre. Elections anticipées ou pas?

FRANCIS VAN de WOESTYNE
Chuter ou conclure: il faudra choisir
©Johanna de Tessières

ENTRETIEN

Ne faut-il pas craindre que les partis politiques soient, dès la rentrée de septembre, en campagne électorale?

Les partis vont se retrouver face à des tentations contradictoires: aboutir à des consensus fermes et définitifs sur toute une série de dossiers et, en même temps, se positionner de manière de plus en plus claire sur leur image propre. On ne peut exclure aussi des positionnements par blocs électoraux, par couples: je pense au pôle des gauches du côté francophone ou, sur certains dossiers de société, à des affinités entre les verts et le SP.A. Soyons attentifs, enfin, à la constitution de blocs de part et d'autre de la frontière sur des sujets communautaires.

Quels dossiers la majorité doit-elle encore boucler avant la fin de la législature?

Il y a tout d'abord la réforme électorale qui doit encore être votée et pour laquelle il faudra apporter des réponses aux objections du Conseil d'Etat. Des votes importants sont attendus sur la réforme de l'impôt des sociétés: on ne peut exclure des remous parlementaires même si l'accord politique existe. Il y a aussi la sortie du nucléaire, une réforme de la politique d'asile à laquelle certains partis tiennent beaucoup, de même que le projet de loi de Laurette Onkelinx sur les discriminations: les objections juridiques sont très fortes. Certaines réformes ne sont pas encore complètement mises en oeuvre: la réforme des polices et son éternelle saga de refinancement, la régularisation des sans-papiers dont on n'a pas encore pu annoncer le terme définitif, la réforme Copernic pour laquelle certains parlementaires PS et Ecolo marquent une différence et des dossiers qui empoisonnent toujours la majorité, comme les dotations princières, le mariage des homosexuels, etc.

Certains évoquent le scénario d'élections anticipées, au printemps prochain par exemple. Une décision qui serait prise de commun accord par tous les partis de la majorité. Vous y croyez?

Avant le gouvernement avait un problème de bilan: trop de dossiers étaient encore inachevés. Sauf à imaginer une vraie crise, je ne croyais pas à des élections anticipées d'un an: c'eût été un boulevard pour l'opposition. Aujourd'hui, c'est différent: si tous ces dossiers se règlent rapidement, la situation pourrait être l'inverse: il pourrait rester trop de temps si tout était bouclé fin décembre 2002-début janvier 2003. On peut imaginer une anticipation légère de quelques mois pour éviter une campagne électorale trop longue et un sentiment de vacance du pouvoir, voire d'inaction, qui n'est pas nécessairement bien vue par l'électeur.

Tous les partis ont-ils intérêt à cette anticipation?

Cela n'est pas sûr, du côté flamand notamment. L'intérêt de certains partis flamands, le VLD, le SP.A ou Agalev, est peut-être d'attendre l'implosion possible et complète de Spirit pour que tous les ralliements vers ces partis aient lieu.

Anticiper les élections, cela suppose que les partis soient prêts...

Oui. Tous les partis devront encore digérer les conséquences techniques de la réforme électorale: la possibilité de se présenter à la fois à la Chambre et au Sénat nécessitera le déménagement de certains ténors. Cela supposera un rôle accru de la part des présidents de parti: des circonscriptions électorales de la taille d'une province donneront sans doute moins de poids aux fédérations subrégionales des partis. Le temps de préparation et d'arbitrage sera plus long car il faudra également tenir compte de l'obligation de parité entre candidats et candidates. Il faudra enfin que la majorité se mette d'accord sur la liste des articles de la Constitution à réviser ou décide de réformer l'article 195 qui règle justement la procédure de révision. Cette formule simplifierait politiquement les choses et signifierait la volonté de l'actuelle majorité d'être reconduite.

© La Libre Belgique 2002

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