De Clerck: reparlons de l'euthanasie
Si le CD&V prend part aux prochaines négociations, il remettra les dossiers éthiques sur la table. Il souhaite aussi que l'on change le statut de Bruxelles. Stefaan De Clerck annonce par ailleurs qu'il est candidat à sa propre succession.
Publié le 25-08-2002 à 00h00
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ENTRETIEN
Sefaan De Clerck, le président du CD&V, évoque les grands dossiers de la rentrée politique et les perspectives d'un éventuel retour au pouvoir.
Etes-vous prêts, vous et votre parti, pour les élections?
Nous sommes tout à fait prêts. Je suis impatient. Je termine l'opération de rénovation de mon parti. Mon mandat de président du CD&V vient officiellement à échéance à la fin du mois d'octobre mais je peux déjà vous annoncer que je serai candidat à ma succession. Je souhaite concrétiser ce nouveau défi en proposant à mon parti de conduire la liste du Sénat pour les prochaines élections. Une liste rajeunie et féminisée comme le seront toutes celles que nous présenterons dans les provinces. Je voudrais faire en sorte qu'il y ait un nouveau jeune élu par province. Tout cela, dans le but évident de gagner ces élections. Je voudrais aussi limiter les cumuls dans mon parti.
Vous donnez le mauvais exemple: président de parti et bourgmestre de Courtrai...
J'ai déjà démissionné de mon mandat de parlementaire. Mais il est évident que d'ici aux élections, je m'engagerai à 1000pc dans la campagne électorale. Et après, mon sort dépendra du résultat du CD&V aux élections.
En Flandre, la question sera de savoir qui, du CD&V ou du VLD, sera le plus grand parti...
La grande question sera surtout de savoir quel parti aura la confiance nécessaire pour faire ce qui doit être fait. Quand je vois l'hypocrisie qui a cours depuis trois ans : on promet et on reporte la charge des promesses sur les générations futures. Plus de 100 milliards sont ainsi déjà engagés. La réforme fiscale, c'est bien. Si nous revenons au pouvoir, nous n'y toucherons pas, sauf pour la rendre plus favorable aux familles. Mais savez-vous qu'en un an, entre 2000 et 2001, les frais d'hospitalisation à charge du patient ont augmenté de 11,3pc?
Quelle est votre coalition préférée?
J'observe ce qui se fait ailleurs en Europe et je vois que, partout, ce sont des coalitions de centre-droit qui se mettent en place. Mais je ne me fais aucune illusion: je lis, jour après jour, que les actuels coalisés veulent poursuivre. Ce sont les électeurs qui choisiront.
Vos chances de revenir au pouvoir sont très minces. Pourquoi les autres partis vous choisiraient-ils ?
C'est la question que nous posons non pas aux autres partis mais aux électeurs. Que veulent-ils? La politique actuelle? Elle n'est que matérialisme, politique libertaire, laisser-aller, individualisme. Nous sommes à l'opposé: notre projet est basé sur des valeurs, le personnalisme, la solidarité: nous faisons la synthèse entre le tout à l'économie et le tout au social. C'est ce dont le pays a besoin. Plus que jamais. Il est grand temps d'apporter les corrections humaines au développement parfois erratique de l'économie mondiale. J'ajoute que nous, nous faisons de vrais choix au niveau éthique tandis que la politique actuelle, c'est: tirez votre plan, faites ce que vous voulez. Les gens ont besoin de sécurité, de références. C'est la raison pour laquelle, si nous participons aux négociations gouvernementales, nous remettrons les dossiers éthiques, comme l'euthanasie, sur la table.
Trouverez-vous une majorité pour cela?
Nous ne sommes pas totalement opposés à l'euthanasie. Nous ne sommes pas des fanatiques. Mais si nous sommes partie prenante, nous voulons un débat serein sur la notion de phase terminale et sur les soins palliatifs.
Votre sort est-il lié à celui du CDH, comme le sont ceux d'Agalev et d'Ecolo?
Si les écologistes veulent absolument rester ensemble, c'est pour signifier quelque chose. Nous, non. CDH et CD&V évoluent dans des contextes totalement différents. Le CDH n'est plus un parti frère, c'est un cousin. Mais en Wallonie, je suis un supporter de Joëlle. Je souhaite plein succès au CDH, qui est le seul parti d'opposition. Je me rends compte qu'au Sud, tout se décide entre le PS et le MR. Cela aussi, les électeurs flamands doivent le savoir.
La sensibilité wallonne est plus au centre gauche qu'au centre droit.
Oui, mais je ne souhaite pas qu'un leader populiste d'extrême droite apparaisse dans le paysage politique francophone. Moi, j'exclus tout accord politique avec le Blok: on ne gouverne pas avec ces gens-là. Mais il faut dire les vérités, sans tabous, dans tous les domaines, y compris en matière d'immigration, de sécurité, de `question´ flamande. Le Blok n'apporte que des solutions simplistes à nos problèmes complexes.
Les partis wallons sont partisans d'un stop institutionnel...
Nous avons opté pour un modèle confédéral. Nous ne sommes pas séparatistes. En matières fiscale, sociale, de mobilité, nous sommes liés aux résolutions de 1999 du Parlement flamand: nous voulons de nouveaux transferts de compétence pour rendre les politiques plus cohérentes. Et ce, dans l'intérêt de la Flandre et de la Wallonie. Le moment est venu. Bruxelles doit aussi bénéficier d'un autre modèle institutionnel: elle doit être plus européenne, gérée par la Flandre et les francophones. Ce doit être une capitale de rencontre pour chacun.
© La Libre Belgique 2002