Hissez haut!, cap libéral au centre

Sur le texte même (la `Libre´ de samedi), on s'en tiendra là. La copie, il est vrai, a été assez travaillée. Samedi encore, au premier jour de ce week-end famennois, la `commission du manifeste´ a réuni tout qui voulait. Si les velléités d'accents plus `libéraux purs et durs´ ont été balayées, on a tout de même aménagé celui des `thèmes essentiels´ dédié au développement durable et ajouté un petit nouveau, sur `la famille et l'enfant´ - le congrès simultané du CDH à cette enseigne n'y serait pas pour rien...À quoi, alors, sert le rite dominical ? D'abord, à se tresser les lauriers. Passons sur les hommages répétés à la paire Michel-Ducarme. Le vice-Premier, lui, fait surtout applaudir Didier Reynders (réforme fiscale oblige), Antoine Duquesne (`peu de ministres de l'Intérieur peuvent désormais se vanter d'être restés 3 ans de suite au gouvernement. C'est lui qui a eu la charge la plus lourde. Je vous demande de l'encourager´); et parmi les fédérés, le wallon Serge Kubla `pour sa compétence, son intelligence, son mental´- le même, du reste, avait réuni le plus de participants à la flopée de déjeuners-bilans du samedi avec chacun des ministres.

Ensuite, on se laisse tout de même un peu aller. Même si le manifeste se veut rompre avec tous les antagonismes du passé, il s'agit de se démarquer des autres et d'affûter les fusils-mitrailleurs de la campagne. Le président, Daniel Ducarme: `Quelle est la formation qui peut se prévaloir aujourd'hui de refuser aussi explicitement le collectivisme et les abus du capitalisme, l'écologisme intégriste, l'obscurantisme religieux, toute forme d'extrémisme?´. Gagné, c'est le MR. Et pour être complet, Olivier Maingain (FDF) s'en prendra à `l'humanisme vaseux, attrape-tout et pour tout dire assez individualiste du CDH´. Quant à leur demander pourquoi ils ne veulent pas se dire de droite, méfiance: Ducarme dit qu'il en a assez de cette question - `Nous pulvérisons les positionnements politiques. Dites partout que nous sommes le centre réformateur, actif, travailleur, créatif. Il faudra qu'ils l'admettent et s'y fassent!´.

Enfin, le congrès teste les priorités à venir. Ducarme répète, pour après les élections: non à une nouvelle réforme de l'État, oui à la poursuite des allégements fiscaux. Pour l'immédiat, c'est l'affaire de Michel. Il cite, pour la fin de législature, 1. les pensions des salariés et des indépendants; 2. l'amélioration du statut social des indépendants. Car `mes amis verts, leur priorité, ce sont les petits oiseaux. Moi, ce sont les indépendants. Mes petits oiseaux, ce sont les indépendants´.

© La Libre Belgique 2002

Ne pas confondre rêve... La mini-crise sur la livraison d'armes au Népal s'étant clôturée comme l'on sait, en eau de boudin, c'est très posément que son premier protagoniste malgré lui, Louis Michel, y est revenu devant les siens, dimanche à Rochefort, au congrès MR. Mais ce ne fut pas sans décocher quelques vacheries à l'adresse implicite des écologistes... `Un beau cas d'école´, a savouré, à sa manière, le ministre des Affaires étrangères, avant une longue ovation. D'abord, pourquoi vouloir supprimer la fabrication d'armements? `C'est naïf ou hypocrite de soutenir qu'elle est en soi immorale. Un État démocratique ne peut pas vivre sans police, sans armée... armées´. Deux: le Népal `est devenu une démocratie. Je suis très à l'aise là-dessus´. ...et utopie? Troisièmement, foi de vice-Premier MR, et c'est le plus inattendu, `je ne reproche à personne d'être pacifiste. Mais on a sombré dans le manichéisme simpliste. Notre mouvement doit être porteur de rêve, pas d'utopie. Moi aussi je rêve. Le rêve fait du bien. Mais l'utopie fait du mal. Ce n'est pas sérieux, pas responsable. C'est une forme pervertie du rêve".