Pour une coalition avec... le CDH

Rentrée politique pour le fondateur du MCC, Gérard Deprez. L'ancien président du PSC n'a toujours pas renoncé à rapprocher, structurellement ou au moins en coalition, réformateurs et ex sociaux-chrétiens... C'est contraire au discours officiel du MR dont il est partie prenante.

PAUL PIRET et FRANCIS VAN de WOESTYNE
Pour une coalition avec... le CDH
©Johanna de Tessières

ENTRETIEN

Rentrée politique pour le fondateur du MCC, Gérard Deprez. L'ancien président du PSC n'a toujours pas renoncé à rapprocher, structurellement ou au moins en coalition, réformateurs et ex sociaux-chrétiens...

Au congrès réformateur de dimanche dernier, votre présidente de mouvement, Nathalie de T'Serclaes, jugeait que le MR `place la personne au coeur de ses préoccupations´. C'est très PSC (ou CDH), ça...

La notion de personne n'appartient plus exclusivement à un courant politique ou philosophique déterminé. Cela dit, pour avoir participé activement à la rédaction de ce manifeste, je pense que j'aurais pu l'assumer entièrement quand j'étais président du PSC...

Quelle est la touche Deprez au manifeste?

Je ne vais pas faire un inventaire. D'ailleurs, il faudra décliner le manifeste en programme électoral. Mais deux éléments me paraissent essentiels: c'est la première manifestation du MR comme mouvement centriste, et il y a une volonté claire de dépasser une conception économiste du libéralisme.

Pour vous aussi, il est dépassé,le concept gauche-droite?

Je n'ai jamais dit cela. D'ailleurs, la gauche se réaffirme. Ce que refuse le manifeste, c'est que l'on continue à positionner le MR comme étant un parti de droite. Ce n'est plus le vieux parti libéral. En tant que telle, il n'y a pas une grande formation de droite.

Serait-ce honteux d'être de droite?

Je ne suis pas honteux, moi. Mais il faut tenir compte de la sensibilité des citoyens. La société belge est très particulière. La sensibilité du sud du pays est plutôt située au centre et au centre-gauche; et celle du nord du pays se situe plutôt à droite et au centre-droit. Gauche et droite sont chez nous des notions géographiques. Cela dit, si on entend par `droite´ des gens qui veulent restaurer la puissance publique, le respect de la loi, la sécurité, l'efficacité économique... ils se sentiront à l'aise au MR. Mais ils devront faire des concessions avec ceux qui mettent l'accent sur d'autres valeurs, sur divers problèmes de solidarité et de société.

Le MR devient-il ce que vous auriez aimer faire avec le PSC?

Pas encore, puisque mon objectif - ou mon rêve, je ne sais pas s'il reste accessible - était de mettre ensemble toutes les forces sociales-chrétiennes et libérales. Ce serait la meilleure configuration pour l'équilibre de l'espace politique francophone.

N'est-ce pas devenu une utopie?

Tous les éléments d'évolution me renforcent dans l'idée que ce que j'ai voulu faire est possible. À l'exception de la caricature que font des dirigeants CDH de ce qu'est devenu le MR, je ne vois rien qui rendrait impossibles des contrats ou des formules organiques de collaboration.

Diriez-vous, comme Daniel Ducarme: `eux sont romantiques, nous sommes efficaces´?

La différence tient essentiellement à la composition sociologique des deux mondes. Dans celui du MR, vous avez énormément de gens qui ont des responsabilités sur le plan économique - indépendants, agriculteurs, classes moyennes, cadres... Et du côté du CDH, on est plus fort maintenant dans le non-marchand - enseignants, associatif, services publics... Cela colore les préoccupations. C'est une différence d'accents, pas de nature.

En plus, le MR est pour l'instant un parti de majorité.

Enfin, on ne fait pas 200 propositions sur un sujet, comme le CDH vient de le faire pour la famille: l'action politique, son efficacité, c'est déterminer des échelles de priorités.

Le MCC ne va-t-il pas être broyé dans le MR?

Je ne le sens pas du tout ainsi. Le MCC doit continuer à essayer d'entretenir de bons rapports entre les gens du MR et ceux du CDH; il sera nécessaire aussi longtemps que le MR et le CDH n'auront pas trouvé le moyen de se positionner ensemble.

Comment conciliez-vous cet objectif avec la volonté de reconduire l'arc-en-ciel?

Quand vous êtes dans une coalition et que l'expérience gouvernementale n'est pas terminée, il est normal de répondre `oui´ quand on vous demande si la majorité peut être poursuivie après les élections. A titre personnel, je préférerais une coalition dans laquelle vous auriez en tout cas le MR et le CDH, qui choisiraient ensemble un autre partenaire selon les résultats des élections. Un certain nombre d'amis au MR et au CDH pensent de même. Je n'ai jamais exclu les socialistes; j'ai voulu une force politique capable de `challenger´ le leadership du PS en Wallonie.

© La Libre Belgique 2002

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