Le temps d'en fumer une, on revient

Amis lecteurs, on avait dû vous abandonner à une heure, pourtant tardive, où il était encore question que la Chambre votât séance tenante. Une séance que l'on a dit fort agitée, et passablement burlesque. Ça jasa beaucoup. Ça buvait pas mal. Mais après deux suspensions de séance, et d'innombrables calculs, les `pro-exceptions´ durent convenir qu'ils ne faisaient pas nombre.

Paul Piret
Le temps d'en fumer une, on revient
©Belga

Pour un foutoir, ce fut un beau foutoir. `Une impression de décadence´, confiait vendredi un spectateur, non habitué des lieux, de la joute de la nuit précédente à la Chambre... En cause, toujours Francorchamps.

Amis lecteurs, on avait dû vous abandonner à une heure, pourtant tardive, où il était encore question que la Chambre votât séance tenante. Une séance que l'on a dit fort agitée, et passablement burlesque. Ça jasa beaucoup. Ça buvait pas mal. Mais après deux suspensions de séance, et d'innombrables calculs, les `pro-exceptions´ durent convenir qu'ils ne faisaient pas nombre. Pourtant, plusieurs PS étaient remontés à la tribune pour tenter de dissiper la fâcheuse impression laissée par l'un des leurs, André Frédéric, reprochant son rigorisme communautaire au groupe CD&V. Aïe! c'est précisément de l'un ou l'autre député CD&V que les partisans du projet espéraient quelque attitude bienveillante (du genre: un besoin urgent juste au moment de ce vote-là - si, si, ça arrive)...

Alors, on fit tout pour gagner deux-trois jours. Pour tenter d'infléchir l'un ou l'autre hésitants présumés; pas pour négocier quelque donnant-donnant entre Francorchamps et le vote sur les écobonis, attendu mardi prochain (si échange pareil, hautement improbable, il devait y avoir, c'eût été plutôt dès jeudi, entre la pub tabac et la sortie du nucléaire à laquelle le MR reste en soi plus opposé qu'à l'écofiscalité revue par le ministre libéral des Finances notamment).

Lundi, mardi...

Bref, il était près de 3 heures du matin, vendredi, quand une majorité décida de reporter le vote du projet. Par 93 oui (les pro-projet auxquels se joignit le CD&V, ravi d'enfoncer un coin dans une majorité échaudée) et 42 non, les SP.A divisés entre non et abstentions. La raison invoquée? Il convient de discuter en commission du projet de directive européenne approuvé lundi dernier par les ministres européens de la Santé - dont le belge, l'Agalev Jef Tavernier, qui eut de quoi regretter que les députés aient requis en soirée sa présence...

Pourtant, il y a quelques jours encore, les partisans du projet de loi expliquaient que le projet de directive n'y changeait rien: il serait bien temps, plus tard, d'adapter le timing de la loi à celui de la directive. Mais avec l'énergie du désespoir, et en grattant, ils ont cru désormais y trouver un nouvel argument en leur faveur. Un

`élément d'objectivation´, dira le député Bacquelaine (MR).

C'est que le projet de directive prévoit explicitement le cas des `événements transfrontaliers´ (de type: grandes compétitions sportives). Pour ceux-ci, c'est aux réglementations européennes, pas aux nationales, qu'il revient d'interdire les parrainages et la publicité pour le tabac. Il s'agit, sur ces coups-ci, d'éviter les distorsions de concurrence, explique-t-on dans les considérants de la directive.

Certes, cette directive n'est pas encore d'application. Mais il est légitime, ajoutent les pro-exceptions, d'anticiper en disant que l'actuelle interdiction belge de la pub tabac ne vaut pas pour ces événements-là, au nom d'une harmonisation européenne qui sera précisément réclamée en ce qui les concerne.Élément assez neuf pour en amadouer quelques-unes? C'est tangent! Ne quittez pas l'écoute: le sujet reviendra - sans vote - lundi en commission de la Santé, puis mardi - pour le vote - en séance plénière.

© La Libre Belgique 2002

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