Francorchamps s'efface dans la fumée

La nuit précédente, on l'a dit, le débat en commission sur la directive européenne n'avait servi qu'à confirmer les clivages, intramajoritaires compris, ceux-ci remontés jusqu'au gouvernement impuissant à s'engager. D'aucuns d'ailleurs, dans l'opposition, voulurent hier un nouveau débat en plénière. Mais le président De Croo sollicita le réglement pour couper court à toute relance qui eût pu aboutir sur un dépôt d'amendements. Or, si le projet avait été amendé, on dépassait la date fatidique de ce vendredi 13, jour de la réunion de la Fédération automobile à laquelle les partisans du projet auraient tant voulu servir une loi belge revue à sa convenance...

Aux armes!

Restaient les justifications de vote. On n'oubliera pas de sitôt le vaste chambard provoqué dans les travées PS, MR et CDH par l'intervenante Ecolo. Quand la députée Gilkinet y alla d'un

`Ecolo continuera à agir pour sauver le Grand Prix´, c'est simple, elle devint inaudible. `J'ai été écoeuré par vos explications fumeuses´, lui lancera un coalisé, le chef de groupe MR Bacquelaine, se consolant si peu à constater des `convergences de gauche plus polaires que jamais´.

De fait! Le président du PS, Elio Di Rupo, a beau s'être borné à regretter le résultat du vote, mardi soir, sans énoncer la moindre critique à l'égard d'Ecolo, il doit savoir que ses députés étaient particulièrement remontés... Si les convergences s'étaient bien gardées d'évoquer la pub tabac, celle-ci laissera des traces au moins verbales dans celles-là. Et dans la majorité? Faute d'avoir pu prendre l'initiative qu'il avait cru pouvoir annoncer sur le front du tabac, Guy Verhofstadt, mardi matin, prit les devants sur les exportations d'armes. Il a imposé un consensus. Si les `pragmatiques´ - disons - MR et PS ne pouvaient pas avoir gain de cause sur Francorchamps, au moins l'ont-ils eu pour voir assouplir la proposition de révision de la loi sur le commerce des armes. Ce n'est pas exactement un donnant-donnant, mais au moins certain rééquilibrage puisque les clivages dans la majorité sont similaires dans un cas comme dans l'autre. Reste que, sur le coup, la majorité dérape et la gauche est sortie de route.

Mais Francorchamps? Le combat se poursuivra sur d'autres terrains. On évoquait dès hier soir divers types d'actions, judiciaires et économiques...

© La Libre Belgique 2002

Difficile de revenir en piste Cette fois, il n'y a plus de recours. En votant contre l'exception à la loi antitabac, 77 de nos représentants à la Chambre ont écrasé le GP de Belgique 2003. Le dernier conseil mondial du 1er octobre avait débattu du sujet et conclu que notre GP pourrait avoir lieu l'an prochain à si les constructeurs acceptent à l'unanimité de rouler sans publicité tabac. Or ceux-ci ont refusé. Émus par l'absence d'un circuit légendaire, les membres de la commission F 1 auraient accepté d'enclencher la marche arrière si nos politiciens en avaient fait autant. Mais le vote négatif d'hier a tout fichu par terre. `Je viens d'avoir M. Ecclestone au téléphone et il est aussi déçu que moi. À force de vouloir être plus catholique que le pape, on est devenu la risée de l'Europe. Cette décision a plombé nos chances de réintégrer le calendrier même au-delà de 2004, confiait le porte-parole du RACB Pierre Van Vliet. Avec l'arrivée de Bahrein et de la Chine, deux GP devront tomber dans un an. Et la Belgique s'est auto-éliminée. Enfin, on ne sait jamais. En F 1, tout est toujours possible. Même après ce nouveau coup de massue, on va continuer à se battre en sachant que, si la nouvelle directive européenne devient effective, nous ne serons plus hors-la-loi à partir de juillet 2005.´ Même si les exemples de Grand Prix écartés avant de revenir ne sont pas légion, il faut y croire. Le prochain changement de gouvernement de juin 2003 pourrait nous apporter une solution. `Il faut déjà commencer à mettre la pression de ce côté-là. Si on s'aligne assez tôt courant 2003 sur la directive européenne, on pourrait réintroduire notre candidature pour 2004.´ Sinon, on repoussera nos espoirs à 2005. Mais une fois quand on est sorti de piste, difficile de revenir en F 1. `Dans quel état sera Francorchamps en 2005? La Région wallonne accordait chaque année d'importants subsides à l'Intercommunale. Continuera-t-elle à le faire sans garanties de récupérer le GP?´ Une question à laquelle devrait répondre aujourd'hui le ministre du budget Michel Daerden. (O.d.W.)