Pot de terre contre pot de fer

Mais les partisans du circuit ont décidé de se battre et d'introduire deux actions en justice contre la Fédération internationale de l'automobile (FIA), la toute-puissante association sans but lucratif (?) qui gère l'organisation du championnat du monde et des courses de Formule 1 dans les différents pays.

Un groupe de commerçants, d'hôteliers, de cafetiers, de la région de Spa-Francorchamps mais aussi une société d'hélicoptères bruxelloise très active lors des GP, ont chargé Mes Jean-Paul Hordies (rien à voir avec Marc Hordies, secrétaire fédéral Ecolo) et Patrick Dunand, de l'association d'avocats SDMC, d'introduire une plainte contre la FIA pour tenter d'obtenir l'organisation du Grand Prix de Belgique à Francorchamps en 2003.

En fait, deux actions ont été entreprises. L'une auprès du Tribunal de grande instance de Paris. Saisi hier, mercredi, son président a assigné les responsables de la FIA, dont le siège est situé place de la Concorde, à participer à une audience qui se tiendra ce jeudi matin, à 9 heures. Les conseils des plaignants belges tenteront d'obtenir du Tribunal de grande instance de Paris une ordonnance gelant la situation actuelle. Il s'agit d'empêcher le Conseil mondial de l'automobile, qui se réunit ce vendredi 13 à Monaco, de fixer de manière définitive le calendrier des Grands Prix de Formule 1 pour l'année 2003. Les statuts de la FIA prévoient bien que ce calendrier doit être déterminé au plus tard le 1er janvier de l'année concernée. Mais, estiment les avocats, les exemples de changement de calendrier, en cours même d'année, ne manquent pas: ainsi en 1997, le Grand Prix d'Argentine a été annulé parce que les conditions de sécurité avaient été jugées insuffisantes. Et un Grand Prix d'Europe a été ajouté, de même qu'un Grand Prix du Luxembourg, sur le circuit du Nurburgring, en Allemagne.

Pourquoi empêcher le conseil mondial de fixer le calendrier? Parce que les avocats ont aussi déposé plainte auprès du Conseil belge de la concurrence au motif que la FIA, en supprimant le GP de Belgique de Formule 1, commet un abus de position dominante - il n'y a pas, en effet, de championnat parallèle par lequel Francorchamps peut retrouver les bolides de F 1 - et organise une distorsion de concurrence au détriment de la Belgique. Comment justifier, en effet, que les Grands Prix de France et d'Angleterre soient maintenus alors que les deux pays ont eux aussi imposé que l'épreuve se déroule sans publicité pour le tabac?

Le préjudice, disent les avocats, est incontestable: sur son site web, la FIA détaille ainsi, pays par pays, les retombées économiques que l'organisation des Grands Prix entraîne.

Les plaidoiries se tiendront ce jeudi matin. Le pot de terre a-t-il une chance face au pot de fer?

© La Libre Belgique 2002

L'aide au circuit est maintenue L'infrastructure du circuit de Francorchamps ne va pas disparaître en même temps que le Grand Prix. Sa survie paraît même assurée. `Nous sommes déçus et en colère, mais décidés à rebondir pour assurer la poursuite d'activités sur le circuit´, a indiqué Michel Daerden (PS), mercredi matin à Liège. Le ministre wallon a annoncé qu'il maintiendrait le soutien régional au circuit. En tant que ministre des Infrastructures sportives et des Travaux publics, il a inscrit dans ses budgets 2003 l'aide de 1,375 million d'euros ad hoc. De quoi maintenir le circuit en état, y compris pour des courses de Formule 1. Le circuit de Francorchamps pourrait désormais accueillir, outre les épreuves existantes (les 24 heures, le championnat de Belgique de ProCar, etc.), des essais de F 1 (et de Formule 3000), à défaut d'un Grand Prix. Outre cette piste, les responsables du circuit liégeois vont examiner la possibilité d'implanter de nouvelles épreuves en moto, Indycar - des contacts sont en cours pour une course de ce type en août 2003, indique Roger Croughs, président de l'Intercommunale du circuit -, DTM (le championnat de voitures de tourisme qui se déroule actuellement en Allemagne)... `Nous nous battrons également pour qu'on intensifie sur le site le développement technologique, pour qu'on y installe un centre de compétences en sport automobile´, précise le ministre Daerden. `En tout cas, on ne plantera pas de fleurs sur le circuit´ résume Roger Croughs. (S.L.)