Le fils de son père, sans aucun doute
I l y a son ex-femme, son père, sa mère et sa soeur.» Dans le public, on se hisse sur la pointe des pieds pour dévisager les membres de la famille de Marc Dutroux, appelés mercredi après-midi à témoigner. Dans le box, l'accusé lance un bref regard, au-dessus de ses lunettes, à sa mère, Jeannine Lauwens. Celle-ci s'arrête devant Paul Marchal, le papa d'An, et le salue, ostensiblement.
- Publié le 04-05-2004 à 00h00
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AUDIENCE
I l y a son ex-femme, son père, sa mère et sa soeur.» Dans le public, on se hisse sur la pointe des pieds pour dévisager les membres de la famille de Marc Dutroux, appelés mercredi après-midi à témoigner. Dans le box, l'accusé lance un bref regard, au-dessus de ses lunettes, à sa mère, Jeannine Lauwens. Celle-ci s'arrête devant Paul Marchal, le papa d'An, et le salue, ostensiblement.
Victor Dutroux s'avance à la barre. «Vous êtes le père de Marc Dutroux...», entame le président. «Officiellement, parce que je l'ai élevé», réplique le septuagénaire, instituteur retraité. Le ton est donné. Le rapport de moralité, exposé plus tôt à la cour, dépeint un triste tableau familial. Aîné d'une famille de 5 enfants, Marc est né en novembre 1956 d'un père marginal, despote, mégalomane et fuyant, et d'une mère autoritaire et peu affectueuse. Marc, «un fils difficile qui n'en faisait qu'à sa tête», n'était pas un enfant désiré; son père a toujours émis des doutes sur sa paternité.
Comment se comportait Marc Dutroux en famille? «Je crois qu'il y a eu un moment charnière, quand je lui ai donné une fessée. Mon point de vue, c'est de frapper bien fort pour ne pas recommencer. Malheureusement, c'était en présence de sa grand-mère. Il a profité de ça, il a inventé des trucs», dit le père. Le tenir par les pieds au-dessus du précipice, c'est de la blague, continue-t-il. En fermant les yeux, on croit entendre le fils...
Entre ses occupations à la maison des jeunes, le Parti wallon des travailleurs, dont il est membre fondateur, et les parties d'échecs en soirée, Victor Dutroux est un père absent.
Au cours de l'année scolaire 1969-1970, le petit Marc est hébergé chez ses grands-parents. Pour lui, c'est sa plus belle année d'enfance; pour son père, sans l'aîné, «on a été heureux, on a vécu tranquilles». L'ancien instituteur hasarde: «S'il était resté chez eux, ça n'aurait peut-être pas tourné comme ça pour lui.»
Depuis quand n'avez-vous plus vu votre fils? lui demande Me Martine Van Praet, avocate de Marc Dutroux. «La dernière fois, c'est le jour où je lui ai donné ma voiture. J'habitais au centre de Gand, je n'en avais plus besoin: c'est un capital qui rapporte des intérêts négatifs. ça pouvait être une compensation pour son complexe de Caïn éventuel.»
Comme le fils, le père se perd dans les détails, sans répondre à l'essentiel. La date? «C'est difficile à dire: Marc Dutroux n'est pas un personnage dont je recherche la présence.» Cela faisait plus de dix ans que le père et le fils ne s'étaient plus vus. Un jour, Victor Dutroux a commencé à lui écrire une lettre - «l'idée principale était de suggérer de penser à son avenir» ; elle est restée dans un tiroir.
Interrogé sur des incidents de la vie familiale, le témoin s'embarque dans des histoires alambiquées, s'attarde sur des détails accessoires, pinaille... «Je n'ai pas une frousse bleue d'être le père biologique de Marc Dutroux. S'il veut se prêter au jeu, je veux bien qu'on interroge la science», lance Victor Dutroux. «Il ne faut absolument pas faire de test ADN: ce serait de l'argent gâché», rigole Me Baudewyn, conseil de Marc Dutroux. Me Magnée embraie: «Vous êtes indiscutablement le papa!»
«Madame» répond à son fils
Succédant à son ex-mari, dont elle est séparée depuis 1971, la mère de Marc Dutroux explique qu'elle a été «complètement effondrée» au cours de l'été 1996, en apprenant les faits commis par son fils. «Les petits larcins, je savais. Mais ça, non», dit Jeannine Lauwens. «Je ne sais pas comment je dois le considérer car c'est abominable, ce qu'il a fait.»
Petit bout de femme énergique, Mme Lauwens estime qu'il a manqué un père à son fils aîné, pour le former au cours de son adolescence. Cette mère à propos de laquelle Marc Dutroux a toujours exprimé sa haine n'a pas gardé beaucoup de contacts après la majorité de son fils. Leurs seules rencontres se passaient au tribunal, Marc ayant tenté de capter l'héritage de sa grand-mère maternelle.
A la barre, Jeannine Lauwens tient tête à son fils qui l'appelle Madame; elle le tutoie et lui dit Marc. Quand l'accusé clôt le dialogue par un froid merci, elle lui rétorque sèchement, bras croisés: «Merci aussi.»
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