Armes et drogue sur fond de propagande islamiste

Youssef El Moumen a déclaré mercredi devant le tribunal correctionnel que les armes saisies chez lui ne devaient pas lui servir. Il a expliqué que la propagande islamiste en sa possession n'était qu'un matériel qu'il gardait en vue de la revente aux clients du cybercafé qu'il gérait à Laeken.

BELGA
Armes et drogue sur fond de propagande islamiste
©Demoulin

Youssef El Moumen a déclaré mercredi devant le tribunal correctionnel que les armes saisies chez lui ne devaient pas lui servir. Il a expliqué que la propagande islamiste en sa possession n'était qu'un matériel qu'il gardait en vue de la revente aux clients du cybercafé qu'il gérait à Laeken.

Youssef El Moumen est un des huit hommes poursuivis pour avoir jeté les bases d'un projet d'attentat. Le nom de la Tour Philips à Bruxelles a été cité par un informateur de la Sûreté mais l'enquête n'a pu étayer ces soupçons. Ils doivent répondre d'association de malfaiteurs.

Longuement interrogé mercredi matin, Youssef El Moumen a indiqué qu'il avait acheté en rue, huit jours avant son arrestation, le 18 février 2003, la kalachnikov, le gilet pare-balles et les neuf grenades. Ce materiel avait été retrouvé le jour de son arrestation dans son pied-à-terre à Laeken.

Il a souligné qu'il l'avait acquis pour 2.000 euros, par simple opportunité, après avoir entendu une conversation dans un café, pour le compte d'un ami dealer qui se sentait menacé et qui lui avait dit qu'il était intéressé par des armes. Mais il ne veut pas citer son nom par peur de représailles.

Les 650 grammes de cocaïne saisis au même endroit ne sont qu'un gage laissé par l'acheteur - qui n'avait pas d'argent sur lui - pour emporter les armes, a-t-il dit aux juges qui ne s'expliquent pas pourquoi il détenait alors une balance de précision.

Lors des perquisitions, les enquêteurs ont retrouvé de la propagande islamiste sur des disquettes Zip qu'il portait sur lui et sur ses ordinateurs. Il s'agit notamment des principes de base pour la fabrication d'explosifs, d'un manuel d'artificier utilisé par les islamistes à travers le monde, de vidéos montrant des exécutions par balles ou décapitation, de films de combattants islamistes, de deux discours d'Oussama Ben Laden ainsi que de nombreuses photos d'armes avec leur prix.

Le prévenu ne reconnaît qu'une passion pour les photos d'armes. Il a expliqué que le matériel plus compromettant avait été téléchargé par des clients de son cybercafé. Il le détenait sur ordinateur ou disquette en vue de le revendre à des clients intéressés pour le compte desquels il l'aurait gravé sur CD. Mais il ne veut pas citer de noms. Les vidéos circulaient même dans les mosquées avant les attentats du 11 septembre, a-t-il souligné.

Quant aux photos pédophiles saisies, il les considère comme l'effet des pop-up gardés en fichiers temporaires sur ses ordinateurs utilisés par ses clients. Un policier expert devrait venir jeudi expliquer si cette explication est plausible.

Une cassette vidéo saisie le montre avec d'autres personnes aux sports d'hiver chantant des hymnes islamistes et disant qu'il faut tuer tous les juifs, chrétiens et mécréants. Pour le prévenu, il s'agissait simplement «de mimer les Guignols de l'info ». «Les chants de guerre, c'est du karaoké », a-t-il dit, expliquant ces scènes par des débordements de fin de soirée.

Le tribunal, soulignant qu'il y a 38 scènes pour un total d'une heure, n'est pas convaincu d'une simple blague. Il a décidé de projeter ces passages des vidéos lors de l'audience de vendredi matin.

Deux des frères de Youssef El Moumen sont poursuivis avec lui.

Lahcen a expliqué qu'il avait découvert la cocaïne cachée sous le lit car, féru de sport, il «faisait des pompages » près du lit. Il a précisé qu'il a voulu s'en débarrasser «pour arnaquer son frère » et la remplacer par de la poudre de lait.

Bouzian a nié avoir proposé les armes à la vente à des Français qui étaient venus acheter de la cocaïne dans l'appartement comme ceux-ci le prétendent. Il avait souligné en cours d'instruction que son frère Youssef n'est pas un terroriste et qu'il pensait que les armes devaient servir pour des braquages.

Il a accusé mercredi Abdelhakim Gouram, un des prévenus en fuite au Brésil. «Je ne comprends pas qu'il soit resté libre alors qu'il a dit qu'il nous a recrutés pour un attentat », a-t-il souligné.

Les autres prévenus, poursuivis dans le cadre de ce dossier, seront interrogés par le tribunal jeudi.

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