Kinshasa toujours en froid avec De Gucht

Le président congolais Joseph Kabila a refusé samedi de rencontrer le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, en marge d'un sommet régional de deux jours sur l'Afrique centrale tenu en Tanzanie, a-t-on appris de sources concordantes.

Belga
Kinshasa toujours en froid avec De Gucht
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Le président congolais Joseph Kabila a refusé samedi de rencontrer le ministre belge des Affaires étrangères, Karel De Gucht, en marge d'un sommet régional de deux jours sur l'Afrique centrale tenu en Tanzanie, a-t-on appris de sources concordantes.

M. Kabila a refusé un entretien avec le chef de la diplomatie tant de manière bilatérale que dans le cadre d'une «troïka ouverte» de l'Union européenne qui comprenait également les ministres néerlandais et luxembourgeois des Affaires étrangères, Ben Bot et Jean Asselborn - représentant les présidences actuelle et future de l'UE -, selon un des participants à la réunion.

En réaction, le Premier ministre belge Guy Verhofstadt a convoqué lundi à son cabinet l'ambassadeur de République démocratique du Congo (RDC) à Bruxelles, Jean-Pierre Mutamba Tshampanga, a indiqué son porte-parole, Didier Seeuws, à l'agence BELGA, confirmant une information donnée par la RTBF-radio.

Selon un des participants à la réunion entre la troïka européenne et M. Kabila, le président congolais a refusé que le ministre belge participe à l'entretien - malgré une intervention de M. Bot -, autorisant toutefois «un haut fonctionnaire belge» à assister à la rencontre. M. Kabila aurait aussi refusé de rencontrer samedi M. De Gucht en tête à tête comme il le lui demandait, selon la même source qui a requis l'anonymat.

La troïka a aussi rencontré vendredi et samedi les chefs d'Etat de trois autres pays de la région des Grands Lacs, les présidents rwandais Paul Kagame, burundais Domitien Ndayizeye et ougandais Yoweri Museveni.

Ce geste de mauvaise humeur du chef de l'Etat congolais fait probablement suite aux déclarations faites en octobre par M. De Gucht lors d'une tournée en Afrique centrale et australe - la première depuis son entrée en fonction en juillet dernier.

«J'ai rencontré au Congo peu de responsables politiques qui m'ont laissé une impression convaincante», avait dit M. De Gucht lors d'une visite à Kigali dans le cadre d'une tournée africaine qui l'avait auparavant mené à Kinshasa. «Ici, il y a au moins un Etat. Au Rwanda, on s'efforce de gérer (le pays) de manière correcte», avait-il ajouté avant de nuancer quelque peu ses propos puis de les confirmer en commission des relations extérieures de la Chambre.

Ces propos avaient immédiatement entraîné le rappel en consultation de M. Mutamba à Kinshasa durant une semaine, jusqu'au 31 octobre, malgré un entretien téléphonique entre M. Verhofstadt et le président congolais Joseph Kabila pour lui expliquer le sens des déclarations de M. De Gucht. Le Premier ministre avait assuré qu'elles «visaient à lancer un appel pour encourager les dirigeants congolais à poursuivre sur la voie du processus de transition» en RDC, qui doit mener l'an prochain le pays à ses premières élections depuis l'indépendance, en juin 1960.

M. Kabila avait pour sa part assuré au Premier ministre qu'il n'envisageait pas un rappel (définitif) de l'ambassadeur de la RDC en Belgique, désamorçant ainsi un début de crise entre la Belgique et son ancienne colonie.

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