Le premier rapport sexuel à 17 ans

Les adolescentes ne sont pas nombreuses à être plus précoces qu'il y a 15 ans. La grossesse des jeunes filles est la plupart du temps liée à une situation de précarité. Pour mieux cerner la question, diverses instances ont lancé une vaste étude sur les comportements des filles de 10 à 17 ans.

An.H.
Le premier rapport sexuel à 17 ans
©AP

Les adolescentes ont-elles une vie affective et sexuelle plus problématique aujourd'hui qu'il y a quinze ans? Pour mieux cerner la question, la Fédération laïque des centres de planning familial, le service de promotion de la Santé ULB-Promes, l'Office de la naissance et de l'enfance, l'Institut scientifique de santé publique, l'Institut de démographie de l'UCL et l'Agence intermutualiste ont lancé une vaste étude sur les comportements des filles de 10 à 17 ans.

Les chercheurs ont examiné les données disponibles en matière de fécondité, de sexualité, de contraception, de grossesses interrompues ou menées à terme, de maladies sexuellement transmissibles (MST) et de violences sexuelles.

Premier constat: l'âge moyen du premier rapport sexuel tourne autour de 17 ans - soit une situation comparable à celle du début des années 90. Autrement dit: les adolescentes ne sont pas nombreuses à être plus précoces qu'il y a 15 ans.

En revanche, un plus grand nombre des jeunes filles qui se déclarent sexuellement actives ont eu leur première relation avant 14 ans. Ces ados se retrouvent plus fréquemment dans l'enseignement professionnel et dans la population issue de pays d'Afrique subsaharienne.

Situation de précarité

Autre observation, alarmante: les ados sexuellement actives ne recourent pas assez à une contraception efficace. Douze à 15 pc d'entre elles n'utilisent même aucune méthode. L'usage du préservatif, largement choisi par les très jeunes filles - mais pas absolument fiable pour prévenir les grossesses (les spermatozoïdes passent) - expliquerait en partie les échecs de contraception qui conduisent à des demandes d'avortement.

Il reste que les adolescentes font peu d'enfants; le taux de fécondité baisse de manière significative depuis la fin des années 60. Cette diminution est parallèle à la diffusion de la contraception moderne et à l'allongement de l'obligation scolaire.

La grossesse des adolescentes est la plupart du temps liée à une situation de précarité sociale, relèvent les chercheurs. Cette conclusion ressort systématiquement des derniers rapports de la Commission d'évaluation de la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG).

Plus petits, plus fragiles

Les adolescentes enceintes sont ainsi plus nombreuses dans le Hainaut et en région bruxelloise. Elles consultent plus tardivement un gynécologue et bénéficient d'un moins bon suivi de grossesse. Elles mettent davantage au monde des nouveau-nés plus fragiles (prématurés ou de petits poids) et les allaitent peu. Elles utilisent moins souvent les services de santé.

Les enregistrements d'IVG des moins de 18 ans sont en hausse (autour de 1.000 en 2002) - ce qui ne veut pas dire que le nombre effectif d'avortements est en hausse. Quand les mamans ont 17 ans, on enregistre autant de naissances que d'avortements; à 16 ans, il y a une grossesse menée à terme pour 3 avortements; à 15 ans, un bébé pour 4 IVG.

Les nouveaux diagnostics d'infections par le virus du sida sont aussi en augmentation chez les 15-24 ans, principalement chez les jeunes femmes originaires de pays subsahariens.

Les données fiables étant extrêmement parcellaires, il n'est pas possible de se faire une opinion sur les éventuelles violences sexuelles subies par les jeunes filles. Le dossier montre cependant qu'une minorité de très jeunes filles ont des relations sexuelles en dessous de 14 ans (soit l'âge auquel elles sont considérées comme un viol).

(*) «Adolescentes: sexualité et santé de la reproduction. Etat des lieux en Wallonie et à Bruxelles».

Web http://www.ulb.ac.be/esp/promes/

© La Libre Belgique 2006

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