L'ex-président de l'islam belge arrêté

Ce n'est qu'une demi-surprise, car on savait qu'une suspicion judiciaire pesait sur lui. Mais toujours est-il que l'ancien président de l'"Organe chef de culte" (qui se fait appeler "Exécutif des musulmans de Belgique" ou EMB), Mohamed Boulif, a été arrêté mardi. Il y aurait eu détournement.

Roland Planchar
L'ex-président de l'islam belge arrêté
©BELGA

Ce n'est qu'une demi-surprise, car on savait qu'une suspicion judiciaire pesait sur lui. Mais toujours est-il que l'ancien président de l'"Organe chef de culte" (qui se fait appeler "Exécutif des musulmans de Belgique" ou EMB), Mohamed Boulif, a été arrêté mardi. Il y aurait eu détournement.

Le juge d'instruction financier bruxellois Michel Claise l'a en effet inculpé d'abus de confiance et l'a ensuite placé sous mandat d'arrêt, comme Estelle Arpigny, porte-parole du parquet de la capitale, nous l'a confirmé mardi.

Ce n'est pas la première fois que l'EMB est dans le collimateur de la justice, mais le parcours singulier du dossier montre, surtout, que les tensions et règlements de compte sont légion dans cette jeune institution. Ainsi, une première plainte, déjà issue de l'EMB lui-même, avait placé son président d'alors, Nourredine Maloujahmoum, en position d'accusé. Onze perquisitions menées à l'EMB et chez plusieurs de ses membres avaient donné un caractère spectaculaire au dossier, en septembre 2004. Mais le juge Claise n'avait pas avalé l'appât : son enquête avait au contraire démontré en juin 2005 que M. Maloujahmoum, inspecteur aux Finances, était parfaitement honnête et honorable.

Las. Après que le cabinet de la ministre de la Justice, Laurette Onkelinx (PS), eut transmis un rapport comptable à toutes fins utiles au parquet général de Bruxelles, le juge Claise avait dû ouvrir un nouveau dossier. Et, les 11 et 12 décembre 2006, il effectuait perquisitions et saisies, cette fois pour la gestion du successeur de M. Maloujahmoum, soit Mohamed Boulif.

Et là, les choses se sont donc passées différemment, puisqu'il y a inculpation. Quel est le reproche concret ? On avait parlé, en décembre, du détournement de matériel informatique. Un huissier avait d'ailleurs observé que du matériel était manquant, à la passation de pouvoir entre M. Boulif et son successeur, Coskun Beyazgül, en octobre 2005. Deux sociétés gérées par le beau-frère de M. Boulif avaient été citées (LLB 13 et 20/12). On avait aussi évoqué le fait que l'EMB semblait avoir versé 100 € à Nizar Trabelsi, un terroriste incarcéré.

De 60 000 à 100 000 euros

On passera sur la dénonciation qui a brièvement conduit (semble-t-il à tort) le vice-président actuel Benjelloul Kissi dans les mains de M. Claise, voilà peu (LLB 22/12) et sur des dénonciations supplémentaires (LLB 8/1), pour en revenir au dernier épisode. Et constater que, en sus du matériel détourné, de l'argent a disparu. Tout compris, cela représente "de 60 000 à 100 000 €, les faits s'étant déroulés de la fin 2003 à la mi-2005", nous disait mardi Mme Arpigny. De l'argent provenant des subsides gérés par l'équipe de M. Boulif (dont la profession touche à la comptabilité). D'autant plus dérangeant qu'il ne cessait alors de se plaindre de leur maigreur pour expliquer des lacunes dans le travail de l'EMB.

Voilà qui nuit plus encore, malgré le changement d'équipe, à l'image d'une institution qui paraît minée par de vives tensions et qui subirait un coup terrible en cas de nouvelle(s) découverte(s).

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...