Les 4 travaux d' Herman

L'explorateur chargé par le Roi de trouver une solution à la crise politique actuelle n'aura pas droit à l'erreur. Pourtant, à côté des obstacles qu'il va devoir franchir, les travaux d'Hercule ressemblent à une petite promenade de santé. Voyons cela. L'édito de Michel Konen Herman vint et le silence fut Un "non" à interpréter positivement Trois partis au vert, le temps d'un week-end Notre dossier: Val Duchesse Academy Réagissez sur notre forum Herman Van Rompuy

V.d.W.
Les 4 travaux d' Herman
©BELGA

Il va donc devoir réussir là où les autres ont raté. Herman van Rompuy (CD & V) l'explorateur chargé par le Roi de trouver une solution à la crise politique actuelle n'aura pas droit à l'erreur. Pourtant, à côté des obstacles qu'il va devoir franchir, les travaux d'Hercule ressemblent à une petite promenade de santé. Voyons cela.

Le tout premier travail d'Herman Van Rompuy sera évidemment, non pas rétablir, mais simplement d'établir un climat de confiance qui n'a jamais existé depuis que les quatre partis de l'orange bleue se sont assis autour de la même table. Dès la toute première réunion, la tension était perceptible entre les délégations. Le soit disant accord pour une réforme fiscale, arraché par les libéraux quelques jours seulement après le début des pourparlers et aussitôt contesté par le CDH, a, dès l'abord, installé un climat de suspicion qui n'a plus quitté Val duchesse jusqu'à l'échec d'Yves Leterme. Particularité : la méfiance existe pratiquement entre tous : entre le CD & V et le CDH, entre le VLD et le CD & V, entre le MR et le CDH et, depuis la fausse note de Jean-Luc Dehaene, entre le MR et le CD & V. Il n'y a guère qu'au sein de la famille libérale, entre MR et VLD que l'on se parle, que l'on s'écoute, que l'on se respecte. Donc, sans un peu plus de chaleur entre les négociateurs, rien ne sera possible au sein de cette coalition. Le premier travail d'Herman Van Rompuy est là : énorme. C'est comme demander à un végétarien de devenir, en quelques heures, le meilleur ami d'un grossiste en viande rouge.

Sans ce rapprochemen t humain, aucun des protagonistes ne sera capable d'accepter les indispensables compromis que nécessitera, immanquablement, la négociation ultra-délicate du prochain gouvernement.

Car des concessions, bien sûr, tout le monde devra en faire. La N-VA, bien sûr, et le CD & V, mais aussi, qui peut croire le contraire, les partis francophones, le CDH comme le MR et son allié le FDF. Le tout est qu'au final, les partis du Nord et du Sud estiment que l'accord est équilibré, c'est-à-dire que chacun y a laissé une part de ses promesses électorales. Défaitisme ? Non. Réalisme.

Donc, sans confiance, pas de compromis. Sur la méthode tout d'abord. Essentielle. On connaît les positions. Les partis flamands, pris en tenaille par les nationalistes de tous bords et en particulier, ici, ceux de la N-VA, auraient voulu que l'accord de gouvernement contienne la grande réforme de l'Etat qu'ils ont, imprudemment, promise à leurs électeurs et qui les a fait gagner les élections. C'est du moins ce qu'ils disent. Si Herman Van Rompuy parvient à imposer le découplage de la négociation (qui suppose l'examen ultérieur du dossier institutionnel à la majorité des deux tiers), sur lequel Yves Leterme s'est cassé les dents, il pourra espérer passer à l'étape suivante : BHV.

Trois lettres qui suscitent passion et divisions. Les Flamands exigent la scission de l'arrondissement en guise de cadeau de bienvenue au pays de l'orange bleue. À régler, donc, à la majorité simple. Pour cela, il faudra, passer sur le corps d'Olivier Maingain, président du FDF, lui qui exige pour les francophones, des compensations (comme l'élargissement de Bruxelles) aux deux tiers. Une position digne de "l'inquisition" selon l'autre vice-président du MR, Gérard Deprez (voir page 7). Didier Reynders donne plutôt raison à Olivier Maingain. Cela coince au MR. Herman Van Rompuy jouera-t-il sur la division des francophones pour imposer un règlement de BHV comme préalable, tout comme il pourrait jouer sur la division des Flamands (l'isolement de la N-VA) pour obtenir un découplage ? Possible.

Mais ce sera encore insuffisant. L'explorateur devrait aussi s'assurer du soutien futur de certains partis pour la grande réforme de l'Etat. Les socialistes ont été sollicités et ils ne rejettent plus, a priori, la méthode pour autant, évidemment, que les réformes s'opèrent au bénéfice de l'ensemble des citoyens belges. Pas gagné d'avance.

Et Leterme ? Admettons qu'Herman Van Rompuy obtienne un accord, rapide, sur ces points-là (rétablir la confiance, obtenir le découplage, un accord sur BHV et la promesse socialiste de soutenir la réforme), il aura dégagé la route pour laisser passer le carrosse d'Yves Leterme qui coupera le ruban final. Car si accord institutionnel il y a, la négociation du programme gouvernemental sera de la petite bière.

Une chose est sûre : si Herman Van Rompuy échoue, l'orange bleue sera pourrie. À jeter.

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