Un "non" à interpréter positivement

Diabolisée dans le nord du pays comme "Madame Non", Joëlle Milquet s'est livrée avec une belle détermination à un "chat" sans tabous avec 289 interlocuteurs. Et sans exclusives puisqu'un "non" peut aussi cacher un "oui" : la présidente du CDH a confirmé qu'elle veut

Christian Laporte
Un "non" à interpréter positivement
©Johanna de Tessières

Diabolisée dans le nord du pays comme "Madame Non", Joëlle Milquet s'est livrée avec une belle détermination à un "chat" sans tabous avec 289 interlocuteurs. Et sans exclusives puisqu'un "non" peut aussi cacher un "oui" : la présidente du CDH a confirmé qu'elle veut "un gouvernement rapide avec un bon projet". Et d'ajouter que "l'intérêt de l'orange bleue c'est justement d'avoir une seule majorité simple qui protège de grandes réformes de l'Etat; sinon, je serais partie en vacances..."

Pas question cependant de "pouvoir pour le pouvoir à n'importe quel prix, ni de brader la Belgique et les intérêts des francophones".

Dans la foulée, Joëlle Milquet a balisé les concessions potentielles : "Il faut toujours mettre de l'eau dans son vin en Belgique mais pas question de toucher à la sécurité sociale, à l'impôt des sociétés (isoc) ou aux droits des francophones acquis après avoir déjà fait d'autres concessions." Pour Mme Milquet, "régionaliser l'isoc c'est créer de la concurrence fiscale néfaste entre régions."

Et quid de BHV ? Pour la présidente des humanistes, "l'important c'est de sauvegarder la capacité pour les francophones de la périphérie de voter pour les partis francophones et des listes qui dépassent [...] l'arrondissement déterminé dans lequel ils sont."

Cela dit, Joëlle Milquet est aussi favorable à une circonscription nationale pour une partie du Sénat "ce qui créerait une génération d'hommes ou de femmes politiques devant répondre aux deux communautés et donc plus modérés."

Mais si d'aventure, la Flandre se séparait, ce qu'elle n'appelle évidemment pas de ses voeux, loin s'en faut, la présidente du CDH dit avoir d'autres projets que "de nous offrir au "protectorat" français [...] et la réunion de la Wallonie et de Bruxelles me semble suffisante pour faire dans ce cas quelque chose de bien."

Précision intéressante en passant : Joëlle Milquet a rappelé que la fusion de la Communauté et de la Région était à son programme mais pas pour autant au menu des négociations.

Aux internautes qui lui demandaient s'il y avait encore des hommes (et des femmes) d'Etat autour de la table, la présidente du CDH a rétorqué tout de go qu'"elle ne pensait pas du tout ne pas avoir le sens de l'Etat" avant de préciser que les crises institutionnelles n'ont évidemment pas surgi aujourd'hui et que par le passé, l'on avait aussi souvent dû trouver des compromis. "Le problème est structurel et touche toutes les générations politiques. Croyez-le bien, nous nous parlons beaucoup entre négociateurs tant francophones que néerlandophones. Et cela avec une grande courtoisie mais il demeure que nos points de vue divergent légitimement."

Enfin, un internaute a interpellé la présidente du CDH sur le sens de la solidarité interrégionale, se demandant si elle serait aussi hostile à la fédéralisation de certaines compétences si les transferts allaient du sud vers le nord. La réponse a fusé : "Je suis une fédéraliste d'union par vision et par principe. Et j'ai le sens de la solidarité mutuelle au niveau belge et européen et ce sans considération budgétaire prioritaire."

Et comme elle n'a pas pu répondre aux 228 questions qui lui ont été posées, elle a promis de les observer dans les prochaines heures "sauf si je dois passer mon week-end avec l'explorateur"...

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