Une troisième voie urbaine
Une rentrée politique bruxelloise chargée sous le signe de l'orange bleue et du dialogue intrafrancophone.Benoît Cerexhe (CDH) rappelle ses priorités...... et entend aussi rappeler la piste de la communauté urbaine qui brise les carcans.
Publié le 17-10-2007 à 00h00
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entretien
Pour le ministre bruxellois de l'Economie et président du collège de la Cocof, la rentrée politique est importante à plus d'un titre dans la capitale.
La rentrée politique bruxelloise peut-elle être lue à divers niveaux ?
Oui, Bruxelles est plus que jamais au coeur d'un ensemble de grands enjeux. Bien sûr pour BHV mais aussi parce que la discussion institutionnelle ne pourra faire fi de la région centrale. Sur le plan de la fiscalité, celle-ci est toujours la première touchée; puis, il y a le dialogue intrafrancophone : ce n'est pas un hasard si chaque délégation comptera deux Bruxellois. Mais la rentrée est aussi résolument placée sous le signe du développement international. Il ne faut plus tergiverser. Toutes nos forces vives, politiques comme privées doivent s'impliquer pour conforter la position de la capitale de l'Europe. Comment ? En créant de nouvelles infrastructures que ce soit sur le plan culturel et notamment muséal mais aussi comme ville de congrès. On ne peut se contenter du palais des Congrès dont la plus grande salle n'aura que 1 200 places. Mais il faudra aussi agir sur le plan commercial si l'on veut concurrencer Paris, Londres ou Milan. Sur le plan architectural aussi, Bruxelles n'est pas vraiment identifiable à l'étranger. Et tout cela ne peut que rejaillir positivement sur la population qui y trouvera un meilleur cadre de vie mais aussi de l'emploi.
Pour l'heure, on se focalise surtout sur l'institutionnel...
Voilà bien le piège à éviter. Bruxelles est un carrefour national et européen. Ce serait une grave erreur dans le cadre du dialogue intrafrancophone de se tourner uniquement vers le sud. Gare donc au repli identitaire car Bruxelles a besoin des deux autres régions. Inversement, rappelons que 20 pc du PIB est réalisé dans la région centrale, au bénéfice des Bruxellois mais aussi des Flamands et des Wallons. Il faut aussi rejeter l'idée d'un district indépendant; cela ne tient pas la route : l'Europe ne resterait pas une minute de plus dans un pays dont les communautés sont incapables de s'entendre...
Ne croyez-vous pas dès lors au dialogue intrafrancophone ?
Si, si, absolument; il est très nécessaire pour une meilleure lisibilité des institutions francophones. On peut les simplifier mais sans perdre de vue que la complexité du système a permis une certaine stabilité... Il faut améliorer les synergies entre la Région wallonne, la Cocof et la Communauté française. Et un gouvernement francophone doit réunir au moins les ministres francophones bruxellois et wallons... Quant à la Cocof, il ne faut pas oublier son apport aux politiques de la santé, de la formation et des handicapés. Ce n'est pas parce qu'elle est mal financée qu'il faut la supprimer !
Pour en venir à l'orange bleue, quels sont les préalables du CDH ?
D'abord, la nomination sans conditions des quatre bourgmestres francophones démocratiquement élus dans la périphérie. Le CDH tient ce discours depuis le premier jour... Pour le reste, pas de scission de BHV sans élargissement des droits des francophones. Sur le plan électoral mais aussi en matière de défense en justice... Je ne fais pas de politique pour réduire les droits des citoyens. Il reste donc fondamental de lier le sort de Bruxelles à celui de la périphérie. Comme ministre pragmatique, je vois aussi cet avenir dans une communauté urbaine qui pourrait aborder les problèmes communs de mobilité, de politique de l'emploi, de l'environnement, de pollution de l'air. Bruxelles serait ainsi vraiment reliée à son hinterland. Et aux Flamands qui seraient tentés de rejeter l'idée, je rétorquerais que c'est bien ce qu'on prévoit à Courtrai qui se tourne aussi vers Lille... En attendant à Bruxelles même, il faut mieux articuler les compétences entre niveaux de pouvoir. Mais nous ne sommes pas naïfs : quand on s'attaque aux communes, il y a comme une arrière-pensée linguistique...