Di Rupo : "Dépassons les clivages politiques"

Maintenant que le président du Sénat, Armand De Decker, a levé un coin du voile sur le collège national pour le dialogue des communautés, la position officielle du PS a-t-elle évolué ? Nous avons interrogé le président du PS, Elio Di Rupo.

Francis Van de Woestyne
Di Rupo : "Dépassons les clivages politiques"
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Entretien

Maintenant que le président du Sénat, Armand De Decker, a levé un coin du voile sur le collège national pour le dialogue des communautés, la position officielle du PS a-t-elle évolué ? Nous avons interrogé le président du PS, Elio Di Rupo.

Le PS refuse-t-il toujours de participer au dialogue ?

Nous voulons reconstruire la confiance mutuelle et contribuer à sortir de la crise. On ne gouverne pas le pays avec des menaces et des coups de force. Discuter en ordre dispersé, c'est prendre le risque de faire de cette commission une entreprise de destruction nationale plutôt qu'un dialogue national.

Comment restaurer la confiance ?

Mercredi dernier, nous avons assisté à un acte politique d'une portée sans précédent : un vote qui nie l'existence des francophones. Certains partis politiques flamands ont redit qu'ils étaient prêts à réitérer ce vote. Nous avons en face de nous un front flamand dont font partie des extrêmes très radicaux, dont les membres de la N-VA, qui pourraient demain se retrouver dans le gouvernement.

La non-nomination des bourgmestres aggrave la situation...

Pour dialoguer, il faut qu'il y ait un respect des deux Communautés et des francophones. La non-nomination des 3 bourgmestres de la périphérie démontre encore à quel point il faut retrouver le sens du respect et du dialogue. De plus, on ne connaît rien du contenu de ce dialogue, à l'exception de propositions flamandes dont la plupart sont séparatistes et portent atteinte aux intérêts des francophones. Je demande que les partis francophones établissent une triple liste : ce qui est nécessaire pour que les francophones puissent être respectés, ce qu'il est possible d'accepter et ce qui doit être rejeté.

Votre position évolue...

En tant que ministre d'Etat, ayant exercé des fonctions importantes de vice-Premier ministre pendant 6 ans et président de parti pendant 8 ans, j'ai le désir de préserver l'unité du pays afin que francophones et Flamands continuent à vivre en harmonie. On peut comprendre qu'il y ait des divergences entre CDH et Ecolo, entre le PS et le MR sur le plan des orientations politiques, mais je pense que les questions qui sont posées aujourd'hui, et l'émotion légitime de nos concitoyens, nous obligent à une unité. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi cela semble si difficile, entre francophones, de dépasser les clivages pour régler cette question institutionnelle importante.

Donc, vous irez ?

J'ai dit : d'abord voyons-nous et discutons. Mais j'ai aussi une grosse crainte : que ce dialogue ne se transforme en piège. Si chacun va au dialogue avec son point de vue, on se retrouvera face aux positions extrêmes des partis flamands que les francophones ne pourront accepter. Dès lors, en cas d'échec dans 3 ou 6 mois, la situation avant les élections régionales de 2009 pourrait être beaucoup plus tendue, plus grave que ce qu'elle est aujourd'hui.

La meilleure façon d'éviter le piège, c'est de participer, en compagnie des Verhofstadt, Dehaene, Maystadt, Michel...

Je ne suis pas sûr que ces personnalités soient séduites par l'idée. Et quoi que l'on fasse, il reviendra aux formations politiques d'en discuter. Mais je veux surtout de l'efficacité.

C'est-à-dire ?

Toutes ces personnes sont estimables. Mais l'intérêt qu'offrent les discussions entre présidents de partis, c'est de faire avancer des choses dans leurs partis et les groupes parlementaires.

On ne doit plus "laver l'affront" ?

Je n'utilise aucun terme qui ajoute des difficultés. On ne gouverne pas avec des coups de force. Moi, j'ai le sens de l'Etat, des responsabilités, je veux être constructif. Je veux l'unité des francophones.

Oui mais l'affront, maintes fois répété à la télé...

Mes collègues aussi ont dit qu'il fallait absolument un geste fort. Plus personne n'en parle. C'est étonnant. J'ai aussi entendu dire que les négociations étaient à l'arrêt. Puis M. Leterme a annoncé qu'il renégocie.

Souhaitez-vous la fin de l'orange bleue et la constitution d'un gouvernement d'unité nationale ?

Cela relève de la responsabilité de l'orange bleue. Pendant 20 ans, nous n'avons jamais mis la Belgique dans cet état d'inquiétude.

Lundi, vous demandiez clairement que M. Leterme s'efface ?

Je reprenais alors les termes utilisés par Olivier Maingain qui affirmait que le vote d'un seul article de la proposition sur BHV entraînerait la fin de la mission du formateur .

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