Les patrons flamands soutiennent les autonomistes

Le monde politique flamand peut compter sur le soutien des chefs d'entreprises néerlandophones, parce qu'ils y voient la seule manière de faire face à la mondialisation.. Visualisez la vidéo de la conférence de presse des présidents francophonesVoici les plans vers la sortie de secoursLe grand rabibochageLes syndicats flinguent l'orange bleueLa manif de dimanche se prépare dans le calme Notre dossier complet sur la crise

AFP
Les patrons flamands soutiennent les autonomistes
©Christophe Bortels

Dans la crise que traverse la Belgique, le monde politique flamand peut compter sur le soutien des chefs d'entreprises néerlandophones, pour beaucoup acquis aux thèses autonomistes parce qu'ils y voient la seule manière de faire face à la mondialisation. Johan Debuf, patron d'une société de décoration de Courtrai (ouest) employant une cinquantaine de personnes, est typique de ces milliers de petits entrepreneurs qui font la richesse de la Flandre, l'une des régions les plus prospères d'Europe.

A 56 ans, il continue de se lever tous les jours à 5 heures du matin pour partir sur des chantiers en Flandre et à Bruxelles, "mais plus en Wallonie", la région où selon lui les attributions de marchés publics ne sont "pas toujours très nettes".

Très concerné par les discussions sur la formation d'un gouvernement fédéral, qui butent depuis 5 mois sur de profondes divergences entre partis francophones et flamands, M. Debuf se dit "pessimiste" en raison de la "radicalisation croissante" dans les deux camps.

"Pourtant, si on ne bouge pas, on va droit dans le mur. Un pays comme l'Allemagne renforce sa compétitivité et nous aussi, on doit pouvoir réduire nos coûts", explique le chef d'entreprise. Johan Debuf dénonce l'absence de règles sociales et environnementales au niveau européen, qui le mettraient à égalité avec ses concurrents dans les pays voisins.

Mais il fustige aussi la "culture politique et syndicale" en Wallonie, région longtemps dominée par le parti socialiste et confrontée à une douloureuse désindustrialisation depuis des années. "Dans le cadre belge, chaque fois que les entrepreneurs flamands font des propositions, comme par exemple d'exonérer de taxe les heures supplémentaires, ça bloque immédiatement à cause des francophones", dit-il. "Je ne leur reproche pas, la situation économique n'est pas la même, mais il faut qu'on puisse développer nos propres instruments", ajoute-t-il.

Ces revendications pour une plus large autonomie économique des régions sont au coeur du programme d'Yves Leterme, le chef du CD&V, arrivé en tête en Flandre lors des législatives du 10 juin. Mais elles sont rejetées par les partis francophones, qui y voient les germes d'un éclatement de la Belgique. "Pas du tout! Ce sont des demandes modestes. Il n'est pas question de la fin de la Belgique. Les Flamands ne la veulent pas", se défend, dans son bureau bruxellois, Karel Van Eetvelt, l'administrateur-délégué de l'Unizo, l'union des PME et des artisans flamands.

Le Vlaams Belang, qui réclame bruyamment l'indépendance, la Nouvelle Alliance flamande (NVA), intransigeant allié nationaliste d'Yves Leterme, ou le sénateur populiste Jean-Marie Dedecker, même s'ils représentent un tiers des électeurs flamands, donnent une image tronquée de la Flandre, estime ce dirigeant.

Les causes de l'incompréhension croissante entre les deux communautés belges sont multiples, relève M. Van Eetvelt: il admet un certain "repli sur soi" des Flamands, mais cite aussi la mauvaise volonté de la "bourgeoisie francophone qui s'est installée dans la périphérie flamande de Bruxelles et qui refuse de parler le néerlandais".

Surtout, il dénonce le "clientélisme" des partis wallons, qui préfèrent "continuer à distribuer des subsides à des entreprises en difficulté" plutôt que de diminuer l'impôt sur les sociétés. "Si on pouvait trouver des solutions au niveau fédéral à nos problèmes de compétitivité, ce serait idéal. Mais ça devient de plus en plus difficile, et on n'a plus le temps d'attendre", soupire Karel Van Eetvelt.

Vous êtes hors-ligne
Connexion rétablie...