Les syndicats flinguent l'orange bleue
La crise commence à inquiéter le monde socio-économique. Sérieusement. Ce vendredi, l'ensemble des partenaires sociaux ont ainsi réagi en ordre dispersé. Parfois spectaculairement. La FGTB, notamment, avait convoqué ses militants dans un grand palais du Heysel à Bruxelles. La réunion s'est déroulée à guichets fermés. A vue d'oeil, 2 000 personnes - dont deux les députés SP.A et la sénatrice PS Anne-Marie Lizin - se pressaient dans la salle. Tous les strapontins étaient occupés et les travées, remplies d'affiliés qui n'avaient pas trouvé de siège.
Publié le 16-11-2007 à 00h00
La crise commence à inquiéter le monde socio-économique. Sérieusement. Ce vendredi, l'ensemble des partenaires sociaux ont ainsi réagi en ordre dispersé. Parfois spectaculairement. La FGTB, notamment, avait convoqué ses militants dans un grand palais du Heysel à Bruxelles. La réunion s'est déroulée à guichets fermés. A vue d'oeil, 2 000 personnes - dont deux les députés SP.A et la sénatrice PS Anne-Marie Lizin - se pressaient dans la salle. Tous les strapontins étaient occupés et les travées, remplies d'affiliés qui n'avaient pas trouvé de siège.
Le mouvement ouvrier hausse le ton. Invitée à prendre part à un mini-débat sur la scène centrale, une déléguée dans un grand magasin Carrefour a fait un tabac après avoir lâché : "Qu'est-ce qui est le plus important de savoir : comment on va nourrir son enfant à la fin du mois ou dans quelle langue s'expriment les membres du conseil communal de sa commune ?" Un peu auparavant, le duo présidentiel du syndicat socialiste avait, dans un discours de quatre pages bien serrées, donné le ton. "Il est temps, a tonné Rudy De Leeuw, le président de la FGTB, que le monde politique arrête de contempler son nombril et qu'il s'occupe des vrais problèmes des gens. [...] Cela fait six mois que l'on a voté et qu'il n'y a toujours personne à la barre du pays. Il faut que cessent les querelles communautaires. Il faut désamorcer la bombe."
La FGTB réclame un gouvernement de toute urgence. Sa première inquiétude ? Le pouvoir d'achat des gens. "Chaque jour nous apporte sa moisson de hausses de prix. Ce n'est plus la valse des étiquettes, c'est une ronde infernale." Et Rudy De Leeuw de réclamer des mesures pour juguler l'inflation ou, à tout le moins, ses effets sur le portefeuille des ménages : élargissement de l'accès au Fonds social "mazout", chèque-chauffage "intégralement financé par le secteur pétrolier et Electrabel-Suez", fixation d'un prix maximum des carburants... "Et que l'on ne nous dise pas qu'il n'y a pas d'argent, a poursuivi le président de la FGTB. Les bénéfices des vingt premières entreprises cotées en bourse ont fait un bond de 38 pc en deux ans."
Haro sur l'orange bleue
Mais, dans les rangs du syndicat socialiste, l'inquiétude, ce n'est pas seulement l'absence de gouvernement. C'est aussi la perspective de voir se mettre en place l'orange bleue. Car les accords déjà engrangés par le CD & V, le CDH, le MR et l'Open VLD passent mal. Anne Demelenne, la secrétaire générale de la FGTB, n'y est pas allée avec le dos de la cuiller. "Toutes les revendications des employeurs se retrouvent dans le programme de l'orange bleue", a-t-elle fustigé. Des exemples ? Anne Demelenne a dénoncé la volonté affichée par l'orange bleue de calculer la pension en fonction de la carrière plutôt que de l'âge; de baisser à nouveau les charges sur les heures supplémentaires; de mettre en place un système d'épargne temps; d'instaurer une liaison au bien-être des allocations sociales limitée aux seules pensions, allocations familiales et indemnités d'invalidité. "L'orange bleue ne nous promet que du sang et des larmes, a conclu Rudy De Leeuw. S'ils persistent, ils nous trouveront sur notre chemin."
Et la FGTB n'est pas seule à dire tout ce qu'elle a dit vendredi. La CSC est sur la même longueur d'onde. Le discours que Luc Cortebeeck, le président du syndicat chrétien, prononcera ce samedi au congrès de la centrale du bâtiment et de l'industrie, devrait, dit-on, être de la même eau. Un avant-goût a été donné hier. Accompagnant cinq cents militants qui ont défilé ce vendredi dans les rues de Charleroi, le secrétaire général de la CSC, Claude Rolin, n'a fait planer aucun mystère. "Face au vent de folie qui souffle aujourd'hui sur notre pays, a-t-il clamé, nous devons réaffirmer haut et fort que la CSC n'acceptera aucune réforme de l'Etat qui remette en cause l'unité de la sécurité sociale et de la solidarité entre les personnes."
Le syndicat libéral (CGSLB) n'a pas été en reste. Il s'est demandé hier "combien de temps encore les citoyens seront-ils abandonnés à leur sort ?"
© La Libre Belgique 2007