Voici les plans vers la sortie de secours
Sortie de secours. Le petit monde orange bleue, autour du formateur Yves Leterme et des "réconciliateurs" Van Rompuy et De Decker, s'active, en coulisses, à sortir la future coalition du coma dans lequel elle est plongée depuis une dizaine de jours. Comment Leterme va-t-il gérer la sortie de l'ornière ?
Publié le 16-11-2007 à 00h00
Sortie de secours. Le petit monde orange bleue, autour du formateur Yves Leterme et des "réconciliateurs" Van Rompuy et De Decker, s'active, en coulisses, à sortir la future coalition du coma dans lequel elle est plongée depuis une dizaine de jours. Comment Leterme va-t-il gérer la sortie de l'ornière ?
D'abord, les deux réconciliateurs devraient revoir les présidents des huit partis démocratiques au début de la semaine prochaine afin de mettre sur pied, dans les semaines à venir, leur "collège pour le dialogue entre les communautés". Mais n'imaginez pas que ce "collège" est la pilule qui fera passer la "grande réforme de l'Etat" qu'exigent les partis flamands aux oubliettes : "C'est un chèque en blanc", dit-on au cartel. Et il n'est pas dans les habitudes du cartel de signer des chèques en blanc. Surtout sur le communautaire...
Ensuite, les partis flamands sont prêts à faire le "geste" réclamé par les francophones. Ainsi le cartel va-t-il s'engager à travailler dans le cadre de la Belgique fédérale. "La Belgique a une valeur, la solidarité interpersonnelle entre tous les Belges doit être maintenue" : cette phrase pourrait être au centre d'un texte que présentera mardi prochain le formateur Leterme... encadré par les deux "réconciliateurs".
Comme en 1992
Dans ces "quelques paragraphes" seront concrétisés l'accord des francophones pour une réforme de l'Etat et l'engagement flamand que celle-ci se déroulera dans un cadre négocié, équilibré et consensuel. La NV-A, l'allié séparatiste du CD & V, devra accepter le "cadre fédéral" belge : d'ailleurs, lorsqu'elle a rejoint le CD & V pour former le cartel, la NV-A connaissait les paramètres "fédéraux" dans lesquels elle devrait évoluer.
Enfin, le "menu communautaire", sur lequel tous les partis de l'orange bleue continuent de plancher, devra être endossé par les partis du futur gouvernement avant d'entrer dans un gouvernement quelconque. Il comprendra un calendrier précis et une liste de thèmes sur lesquels des accords devront être trouvés durant la législature. Les partis flamands entendent fixer les dates auxquelles les contacts seront lancés pour atteindre les majorités des deux tiers. Le tout devra être fixé dans l'accord de gouvernement. Le modèle communautaire auquel le cartel se réfère est celui du gouvernement de 1992 associant CVP, SP, PSC, PS (ainsi que la Volksunie au départ). En cours de route, les recherches de majorités élargies avaient été lancées - par exemple l'appui d'Ecolo pour les écotaxes.
Le "menu" communautaire orange bleue comprendra, donc, de l'institutionnel pur - à savoir certaines "simplifications" comme le regroupement des scrutins. Mais des engagements clairs, disent les partis flamands, devront être pris sur l'emploi, la santé (les outils nécessaires pour amortir le vieillissement de la population), mais aussi sur la fiscalité (la "responsabilisation fiscale" des entités fédérées). Du lourd, donc. Du très lourd...
"Que va faire le CDH ?"
Reste que les libéraux francophones ont donné le signal, vendredi, qu'ils étaient prêts à discuter en profondeur de certains thèmes communautaires - y compris de la fiscalité (lire en page 2). "Que va faire le CDH ?", s'interroge le cartel. Le parti humaniste plaide pour que ce "menu" ait une "double logique" - à savoir une prise en compte des demandes francophones.
Le cartel CD & V/NV-A ne fait pas une fixation sur l'ensemble des résolutions votées par le parlement flamand - des résolutions qui prônent, les unes ajoutées aux autres, l'autonomie quasi totale de la Flandre. En revanche, le package institutionnel devra être inscrit dans l'accord de gouvernement orange bleue. Ensuite, "pas de problème" avec un "comité des sages" (pardon, "collège du dialogue"), insiste-t-on au CD & V/NV-A. Qui pourrait, il est vrai, s'opposer à ce que des personnalités de haute voltige réfléchissent et discutent une fois que l'essentiel a été décidé ?
© La Libre Belgique 2007