Di Rupo : "Le PS prend ses responsabilités"
Publié le 19-12-2007 à 00h00
entretien
Vous étiez vraiment prêts à choisir l'opposition, faute de CDH au gouvernement ?
Bien sûr. D'abord, je voulais impérativement être correct avec nos partenaires régionaux, auxquels je n'ai rien à reprocher. Ensuite, les négociations institutionnelles à venir seront très difficiles. Nous n'en sommes pas demandeurs, mais nous devrons négocier une solution pour BHV, examiner les propositions néerlandophones, en formuler d'autres... Les francophones, minoritaires, doivent être unis par rapport à ça. Le binôme PS-MR ne me suffisait donc pas. Et si j'ajouterais bien Ecolo, ce n'est pas pour réduire le débat démocratique à zéro - c'est une insulte à l'intelligence de l'affirmer - mais parce que nous ne pouvons nous déchirer sur ce qui viendra du Nord.
Le PS ne refait-il pas avec le CDH le coup des ex- "convergences de gauche" avec Ecolo ?
Pas du tout. Il n'y a aucune convergence. Il faut cesser de tomber dans le panneau des libéraux. Moi, je n'ai jamais parlé de cartel MR-CDH quand ils étaient à deux doigts de réussir l'orange bleue. Cette intoxication médiatique est injurieuse pour l'authenticité du PS, qui est à gauche, comme pour celle du CDH, qui est centriste.
Le PS sans SP.A, ce n'est pas un problème ?
Nous prenons nos responsabilités dans des circonstances difficiles, alors que l'on aurait pu goûter aux plaisirs de l'opposition. J'ai travaillé comme un fou depuis 17 jours pour arriver au résultat que l'on connaît aujourd'hui. Mais j'espère que le SP.A pourra nous rejoindre dans des délais raisonnables. Il est absent pour deux raisons : son échec électoral a été dramatique et le VLD a mis son veto. Mais à un moment donné, il faudra que le gouvernement de législature soit composé de telle manière qu'il ait une majorité parlementaire dépassant largement les 2/3. Aujourd'hui, avec les 5 N-VA, qui pourraient devenir plus par les suppléances et les 2 FDF, qui peuvent aussi avoir des exigences ultras, nous risquons dans toute négociation d'être les otages des extrêmes. La tripartite traditionnelle donnerait 115 sièges, ou celle-ci avec Ecolo, 109, ce qui permettrait de travailler avec plus de sérénité.
Un gouvernement de législature ? C'est sur quoi vous comptez pour Pâques ?
L'idée n'est pas seulement d'avoir un autre Premier ministre, mais une coalition à élargir pour former un vrai gouvernement, avec un vrai programme, jusqu'en 2011.
Ne serait-il pas tentant de profiter des régionales de 2009 pour rejumeler les scrutins ?
Il faut se méfier de ce qui est tentant... Si d'ici là les choses tournent mal ou que l'on n'a pas tout résolu, on risquerait d'aller à des élections fédérales avec une radicalisation plus forte en Flandre. Il serait ensuite plus difficile encore de trouver une majorité des 2/3 avec des gens raisonnables !
Bilan express Ce qu'il a gagné. Un retour sur scène et au pouvoir fédéral sur lequel personne, le 11 juin, n'aurait parié une vieille charte de Quaregnon. Un retour qui, de surcroît, amène l'apaisement. Ce qu'il a perdu. Le PS sans le SP.A étrenne une forme d'asymétrie qui pourrait peser bien plus qu'on l'imagine. L'arrimage avec le CDH pourrait finir par faire des vagues. On perd, mais on s'accroche : la prise de responsabilité pourra passer pour de l'opportunisme.