Javaux : "Le seul gagnant est dans l'opposition"
Publié le 19-12-2007 à 00h00
entretien
Cela vous fait quoi d'être la seule voix démocratique dans l'opposition francophone ?
C'est une responsabilité.
Cela vous fait peur ? Cela vous fâche ?
Je n'ai pas peur. Je me demande en revanche s'il n' y a des partis qui nourrissent quelques craintes à l'égard d'Ecolo. Fâché ? Ce n'est pas le bon terme non plus. L'enjeu d'avoir un gouvernement dépassait de loin la question de savoir quel sort réserver à Ecolo. Mais c'est vrai que l'observateur étranger sera un peu étonné de constater que le seul parti francophone qui a gagné les élections est aussi le seul qui va se retrouver dans l'opposition...
Le MR n'a pas gagné ?
Le MR a moins perdu les élections que les autres. Mais il a quand même perdu deux sièges à la Chambre. Ce n'est pas parce qu'on devient le moins mauvais perdant qu'on a gagné les élections.
Quelle opposition allez-vous mener ?
On va faire comme on a toujours fait : jouer notre rôle. Nous allons être constructif, être une force de proposition. Samedi, nous avons encore passé la matinée avec Guy Verhofstadt pour discuter de dossiers de fond comme le pouvoir d'achat, la sécurité sociale. Il faut cependant reconnaître que les dernières heures, on a surtout entendu parler de répartition des portefeuilles ministériels. Manifestement, ce gouvernement ne se caractérise pas par une confiance débordante entre partenaires. Du reste, il faudra tenir compte de cette forte convergence entre PS et CDH...
Elio Di Rupo, président du PS, a aussi essayé d'emmener Ecolo avec lui, non ?
Il a d'abord dit : "Le PS exige la présence du CDH voire d'Ecolo". Un peu plus tard, il disait : "Avec le CDH et aussi Ecolo". Pour finir, il n'y a eu que le CDH. Mais je n'ai pas de problème avec cela.
Vous n'êtes pas "en cartel" avec le MR ?
Nous en avons la preuve : Ecolo n'est en cartel avec personne. Nous affirmons haut et fort notre indépendance. Les électeurs devront s'en souvenir lors des prochaines élections.
Vous avez été terriblement courtisés durant les six derniers mois et vous vous retrouvez seuls dans l'opposition. Quel paradoxe ?
C'est exact. Je relève par ailleurs que la N-VA ne sera pas non plus au gouvernement. Elle n'aura en tout cas pas de ministre. Cela montre qu'en pointant la responsabilité de la N-VA dans la crise, Ecolo a joué un rôle utile. Maintenant, laissons ce gouvernement s'installer. En espérant qu'il mettra bien un terme à la crise et qu'il ne la prolongera pas. Car c'est maintenant que commencent les choses sérieuses.
Bilan express Ce qu'il a gagné. Jean-Michel Javaux a gagné ceci : devenir l'unique chef de file de l'opposition francophone au niveau fédéral. Il va pouvoir souligner à l'envi les renoncements concédés par les trois autres partis francophones dans l'exercice du pouvoir. Ce qu'il a perdu. L'opposition peut être une tâche ingrate. Jean-Michel Javaux devra trouver le ton juste. Sinon, Ecolo risque de ne pas goûter au pouvoir avant longtemps.