Milquet : "On a bien fait de résister !"

martin buxant

entretien

Votre "non" de mardi midi, était-ce un coup de bluff pour finalement mieux revenir et monter au gouvernement ?

Non. Depuis le début, on a répété que, dedans ou dehors, on voulait un gouvernement pour le pays après cette crise sans précédent. Mardi matin, après que Guy Verhofstadt m'ait confirmé que le MR refusait que nous participions, j'ai dit au Premier ministre de monter le gouvernement sans nous. On est dans l'opposition depuis huit ans, alors un mois de plus ou de moins... Mais il s'est avéré, en cours de journée, que notre présence devenait une condition sine qua non du succès de Verhofstadt. Sans nous, deux partis au moins menaçaient de ne pas entrer au gouvernement. Et la dernière des choses dont le pays avait besoin aurait été que Verhofstadt retourne chez le Roi pour lui présenter sa démission... Mais bon, Verhofstadt a réussi à convaincre le MR de faire un effort et de lever son veto.

Quel est votre état d'esprit après plus de six mois de crise ?

Parfois, on se dit "tout ça pour ça..." Mais je pense que tout le monde peut constater aujourd'hui que nous avons bien fait de résister aux exigences de la N-VA. Car, maintenant, ces exigences vont être noyées dans un tout : les partis à table seront plus nombreux.

Allez-vous être moins "fermes" sur le communautaire maintenant que d'autres partis sont à la table ?

Non ! Il faut arrêter de rêver : on sera aussi fermes que nous l'avons été jusqu'ici. Et s'il faut quitter la Convention, je la quitterai.

Pourquoi avoir choisi Josly Piette comme ministre CDH ?

Ce n'est pas confirmé : notre choix doit être confirmé ce jeudi. On a besoin de personnes opérationnelles et capables de s'imposer rapidement dans le débat.

Quelles priorités allez-vous imprimer au sein du département Emploi et Travail ?

L'emploi, c'est la première priorité du projet politique dans lequel nous nous sommes tellement investis. Nous avons un ministre régional de l'Emploi à Bruxelles : c'est une matière qui nous tient à coeur. C'est un projet magnifique, avec des objectifs comme la problématique de l'accompagnement des demandeurs d'emploi, la lutte contre les pièges à l'emploi, la réduction des charges sur les bas salaires ou les titres-services. La première urgence sera de mettre en oeuvre des mesures du Pacte des générations.

Ce gouvernement ne va-t-il pas être un ring où les familles libérale et sociale-chrétienne/socialiste s'affronteront avant 2009 ?

On veut dépasser les clivages droite/gauche. Si on peut faire un trait d'union au sein du futur gouvernement, ce sera très bien.


Bilan express Ce qu'elle a gagné. Joëlle Milquet est devenue, en l'espace de 193 jours de crise, le symbole de la défense des francophones - un titre qu'elle a conquis aux dépens, notamment, du FDF et du MR. Elle a hissé le CDH au rang d'acteur incontournable de la vie politique belge. Ce qu'elle a perdu. Un seul ministre CDH... et 10 députés, c'est peu. Le PS (20 députés) a 3 ministres, le MR (23 députés) également. Et le plus dur est à venir : survivre entre ces deux géants.

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