Reynders : "Libéraux forts et soudés"

paul piret

entretien

Comment qualifiez-vous le gouvernement en gestation ?

Une orange bleue possible parce que le PS est là... Même si on ne saisit pas pourquoi ce qui était impossible pendant des mois ne l'est plus, je suis soulagé, vis-à-vis de l'étranger et de la population. J'avais dit qu'il fallait arrêter le compteur de la crise.

Soulagé ? Que vous reste-t-il ?

Une famille libérale forte et soudée, qui vient avec détermination d'arrêter la crise. Alors que la famille sociale-chrétienne n'a pu s'accorder en 6 mois, je suis très heureux que Guy Verhofstadt et moi ayons pu prendre les choses en mains. Bien sûr, ce n'est pas la majorité que les électeurs souhaitaient. Une famille n'en a pas voulu. On vient de voir jusqu'où allait la proximité entre PS et CDH; il a fallu en tenir compte. Mais ce n'est pas Yves Leterme qui est au Seize; et ce sont des libéraux qui sont les n° 1 et 2 du gouvernement.

On ne cesse de dire que les psychologies ont fort pesé. La vôtre est citée en termes peu flatteurs.

Vous avez de mauvaises fréquentations... Je m'exprime peu sur le sujet. J'ai vu des agressions; ma collègue Sabine Laruelle en a subi. Mais je fais de la politique pour faire passer des projets, pas des amitiés ou inimitiés. Avec Guy Verhofstadt, j'ai toujours tenu le même discours : volonté de réformes socioéconomiques et de dialogue entre communautés. D'autres ont dit "non". Comme si on allait sauver le pays en bloquant tout.

Que se passera-t-il en mars ?

Qui pouvait prédire en juin ce qui se passerait en décembre ? Nous devons faire fonctionner un gouvernement avec un programme de 3 mois. Pendant lesquels Yves Leterme tentera pour la 3e fois d'avancer sur la réforme de l'Etat. Et je souhaite qu'Ecolo, Groen ! ou le SP.A y soient associés : la majorité de 101 députés, c'est avec la N-VA... Une crainte vraisemblable, c'est un retour à une longue période d'instabilité. Voilà pourquoi je préfère ouvrir le débat, quand d'autres étaient négativistes. Deux mesures doivent être prises : retrouver des élections régionales et fédérales simultanées (j'avais proposé 2014, je ne me fermerais pas à 2009) et créer une circonscription fédérale qui obligerait à s'expliquer à l'autre Communauté. Comme lorsque des Flamands vendent des programmes inapplicables ou quand d'autres se permettent des "non" systématiques...

Dites, le "front francophone" n'est pas près de se reconstituer !

Si, je vais m'atteler à une réunion commune dès janvier. Mais le front francophone, ce ne sont pas des convergences de gauche. On confond trop la volonté de s'unir pour défendre les intérêts francophones dans les structures de l'Etat et un vrai débat démocratique sur les sujets économiques et de société.


Bilan express ce qu'il a gagné. Le label de la seule famille politique unie. La constance sur l'inéluctabilité d'une réforme de l'Etat. Un gouvernement d'abord libéral en nombre, préséances et connivences. ce qu'il a perdu. La majorité n'est pas celle qu'il souhaitait; il ne voulut ni du PS d'abord ni du CDH ensuite et se ramasse les deux; on oublie ses ambitions au Seize. L'image d'arrogance lui colle aux basques, abîmant sa crédibilité de rassembleur francophone.

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