La Belgique va-t-elle perdre des km2 ?
C'est une tempête dans un verre d'eau." Le ministre germanophone du Tourisme Bernd Gentges (PFF/MR) n'y va pas par quatre chemins. Sans doute excédé par les coups de téléphone qu'il a reçus mercredi - " toutes les cinq minutes" - de médias francophones, flamands et même allemands.
Publié le 09-01-2008 à 00h00
C'est une tempête dans un verre d'eau." Le ministre germanophone du Tourisme Bernd Gentges (PFF/MR) n'y va pas par quatre chemins. Sans doute excédé par les coups de téléphone qu'il a reçus mercredi - "toutes les cinq minutes" - de médias francophones, flamands et même allemands. "On m'a même téléphoné de Berlin. Je ne sais pas comment cette histoire est arrivée jusque-là."
En cause ? L'article paru dans "Le Jour Verviers" évoquant la possibilité que la Belgique soit amputée de plusieurs km². Comme il n'y a plus eu de polémique sur nos frontières depuis plus de 60 ans, selon le ministère des Affaires étrangères, la nouvelle a fait sensation.
En fait, tout est parti des travaux visant à déferrer la ligne ferroviaire belge, "Le Train des Fagnes" (Vennbahn) sur 7 km pour y aménager un RAVeL. Ces 7 km se situent en effet sur le territoire allemand. Plus précisément entre Montjoie et Kalterherberg. Le train quitte la Belgique à plusieurs endroits et effectue des incursions en Allemagne sur un total de 37 km. Et pourtant, il est bel et bien belge ! Après la Première Guerre mondiale, le traité de Versailles a attribué à la Belgique les cantons d'Eupen et de Malmedy. Et comme la Vennbahn chevauchait dès lors les deux pays, il a été décidé de confier sa gestion à la SNCB. L'assiette, les gares et les abords immédiats appartiennent depuis à la Belgique.
"L'Allemagne y a renoncé"
Mais aujourd'hui, la Vennbahn n'est plus exploitée. Ni par la SNCB (depuis 1989). Ni pour des trains touristiques (depuis 2002). On a même débuté son déferrement sur un tronçon. Alors, l'assiette du Train des Fagnes va-t-elle repasser sous souveraineté allemande ? C'est la question que se pose le commissaire d'arrondissement adjoint d'Eupen, Malmedy et Saint-Vith, Marcel Lejoly. Il souhaite demander au ministre des Affaires étrangères de réunir une commission mixte belgo-allemande à ce sujet.
"Je n'imagine pas les Allemands réclamant 7 km de rails au milieu de bois et de prairies. En plus, selon les textes en notre possession, l'Allemagne a renoncé définitivement à ces territoires, soutient Bernd Gentges. Nous aménageons le RAVeL à côté de la Vennbahn entre Monschau et Kalterherberg mais nous avons tout de même décidé de déferrer ces rails car on nous les vole systématiquement. Si l'on attend encore un printemps, la végétation prendra le dessus et rendra l'enlèvement beaucoup plus coûteux. Enfin, si l'on voulait relancer la circulation ferroviaire, éventualité peu probable, il fallait de toute façon les remplacer." S'il est interpellé officiellement, le ministère des Affaires étrangères se penchera à son tour sur le dossier.