"Tindemanske", pour le moins bon

Wilfried Martens le disait encore samedi dans ces colonnes : il éprouve

(P.P.)

Wilfried Martens le disait encore samedi dans ces colonnes : il éprouve "sympathie et affection" pour Yves Leterme, dans lequel il verrait volontiers un double rajeuni. Quitte à éprouver non du regret, "mais des remords" à l'avoir "poussé au national"... De fait, le démissionnaire, par ses côtés gris, têtus et laborieux, évoque davantage le grand collectionneur de huit gouvernements que ses prédécesseurs immédiats au "Seize" autrement plus expansifs : le butor et fortiche Dehaene, l'imprévisible et inventif Verhofstadt. Martens cultivait pourtant un sens de la neutralité, le goût du compromis, un idéal fédéral belge que Leterme n'a pas pu (ou pas encore) démontrer. C'est au Premier ministre précédent, CVP aussi, que l'on assimilerait l'homme aux 800 000 voix du 10 juin 2007 : Leo Tindemans. A l'intelligence supérieure, mais régulièrement ombragée de périodes fatalistes, méfiantes et velléitaires que les anciens n'ont pas oubliées.

C'est simple, on a déjà lu dans la presse flamande Yves Leterme qualifié de "Tindemanske". De quoi s'en souvenir, nuitamment lundi, lorsqu'il s'en alla comme un voleur au Palais... Moment à rapprocher d'une date phare de notre histoire politique, le 11 octobre 1978 (une veille de Saint-Wilfried), lorsque Tindemans annonça à la Chambre sa démission et par là le torpillage des pactes à l'enseigne jumelée d'Egmont et du Stuyvenberg. Tout n'est certes pas comparable. On avait là des accords plutôt que du vide, et lesquels ! - à ce jour la tentative la plus globale de dénouer le sac de noeuds belgo-belge. On avait aussi une génération de négociateurs que tout paraissait institutionnellement éloigner (des Schiltz, Martens, Cools, Spaak, Nothomb) mais qui avaient su se forger un climat de confiance voire d'amitié suffisant et nécessaire à la tâche ! Non, si on rapproche les deux dates, à quasi 30 ans d'intervalle, c'est parce que Tindemans prit aussi sa majorité par surprise, suscitant la colère ou la déception de ses partenaires.

Au fait, pour rappel, le traumatisme fut puissant. Et si Tindemans d'abord s'en rendit encore plus populaire (983 000 voix aux européennes de 79), jamais il ne retrouverait le premier rôle national, d'abord président de parti revanchard, ensuite ministre des Relations extérieures en pétard perpétuel avec Martens...

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