Georges Debunne, le "Monsieur Non" qui respectait les accords
Son grand-père August avait été le premier élu flamand du Parti ouvrier belge. Instituteur de formation, Georges Debunne était né le... 2 mai 1918 à Hofstade dans une famille "rouge" ouest-flandrienne et il avait grandi à Menin.
Publié le 22-09-2008 à 00h00
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évocation
Son grand-père August avait été le premier élu flamand du Parti ouvrier belge. Instituteur de formation, Georges Debunne était né le... 2 mai 1918 à Hofstade dans une famille "rouge" ouest-flandrienne et il avait grandi à Menin. Elevé dans le culte de la démocratie, la vraie - "pour moi" disait-il "ce ne sont pas seulement des élections libres mais aussi des droits économiques et sociaux" - il présida la locale de l'enseignement à Hal alors qu'il n'avait que 20 ans.
Une voie royale vers d'autres engagements sociaux : après avoir fait de la résistance contre les nazis, Debunne fut porté à la tête de la CGSP à l'âge de 31 ans avant de devenir secrétaire général de la FGTB en 1968, l'équivalent en fait de ce qu'est le président aujourd'hui.
Sous son impulsion, le syndicat socialiste ne se limita pas, loin s'en faut, à gérer la concertation sociale. Lors d'un congrès idéologique en 1971, Debunne qui croyait aux vertus de l'économie planifiée plaida pour le contrôle ouvrier et pour des réformes de structure approfondies. Pour ce faire, il avait pu compter sur Jacques Yerna. Mais si le secrétaire-général de la FGTB se rangea derrière la réforme de l'Etat en veillant à ce que les défenseurs des travailleurs ne tombent jamais dans le repli sur soi frileux, il fut aussi comme l'a souligné le président du PS, Elio Di Rupo "le chantre de la solidarité entre tous les travailleurs belges, du Nord comme du Sud". En même temps, Debunne fit du syndicalisme belge en général un véritable contre-pouvoir.
Lui-même s'illustra comme un acteur-clé pendant les années 70 et au début des années 80 lorsque la Belgique fut forcée de se serrer la ceinture. Georges Debunne hérita alors du surnom de "Monsieur Non" dans les milieux conservateurs. Mais il s'enhardit dans son combat avec autant d'acharnement que Raymond Pulinx, le patron de la FEB ou que son "frère ennemi" de la CSC, Jef Houthuys. S'ils bataillèrent ferme pour l'index et s'opposèrent sur certaines grandes grèves, Georges Debunne n'en fut pas moins un homme de parole : lorsqu'il avait conclu un accord, il le respectait... Ce n'est pas par hasard si appelé à évoquer sa mémoire, l'ancien premier ministre Wilfried Martens a souligné "sa loyauté et son caractère intègre".
A l'heure de la retraite, Georges Debunne n'arrêta pas pour autant son combat. Il le transposa en fait au niveau européen, ayant été un des co-fondateurs de la Confédération européenne des syndicats. Plus récemment, on le retrouva à la pointe du combat pour l'Europe sociale, irréversiblement opposé au projet de constitution européenne qui, à ses yeux, ne servait que la cause capitaliste. Cela l'avait amené à se présenter sur une liste d'extrême gauche en juin 2007. Debunne n'en restait pas moins très préoccupé aussi par l'avenir de la Belgique : il soutint sans réserve la pétition et les actions "pour sauver la solidarité"...