Communauté-Région, confusion?
Des régionalistes wallons interpellent sur l’espèce de maintien relooké du paysage sudiste. Leurs questions méritent d’être posées.
- Publié le 05-11-2009 à 07h45
- Mis à jour le 05-11-2009 à 10h46
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Déclarations majoritaires semblablement charpentées, similitude des tops d’exécutifs, simultanéité des délibérations gouvernementales, intégration des budgets (pour ne pas dire: leur confusion, un terme plus adéquat mais moins flatteur), divers liens de "valorisation mutuelle" comme s’en prévaut le double ministre-Président Rudy Demotte (PS) La législature Olivier s’est à coup sûr enclenchée sur - comment dire? - une "incorporation" poussée et inédite de la Région wallonne et de la Communauté française.
Ce serait là, informelle mais naturelle, une concrétisation de la "fédération Wallonie-Bruxelles" suggérée naguère par M. Demotte et son homologue bruxellois Charles Picqué (en marge de la commission dite Busquin-Spaak, terminée en eau de boudin).
Quoique. Son principe partait des deux Régions, wallonne et bruxelloise, qu’il semblait consolider. En l’espèce, n’est-on pas plutôt face à un statu quo même amélioré du paysage institutionnel intrafrancophone, sur la structure binaire Région/Communauté duquel on ne cesse de s’interroger?
Toujours est-il que l’on était un peu étonné du mutisme des régionalistes wallons classiques, ou de ce qu’il en reste, depuis juillet. Est-ce, pour partie d’entre eux, d’être soulagés par le maintien du PS aux pouvoirs fédérés, qu’ils n’espéraient plus? Est-ce d’être bercés par la rhétorique de M. Demotte à l’espèce de langueur coutumière sinon calculée? Mais voici qu’au moins le Mouvement du manifeste wallon retrouve de la voix, par celle de son président, Jean Louvet.
Le dramaturge y va d’une "lettre ouverte au gouvernement wallon". C’est dans la foulée, inévitable, des travaux budgétaires. Donc, la Région wallonne participe pour environ 200 millions au refinancement de la Communauté, relève M. Louvet. "Loin de nous l’idée de contester le refinancement de l’enseignement et d’autres matières communautaires", poursuit-il. "Mais où est la participation de la Région de Bruxelles? Si la Wallonie est la seule à contribuer, la Communauté Wallonie-Bruxelles n’est donc plus un espace de solidarité mais celui de transferts unilatéraux". De surcroît, les prévisions budgétaires étant ce qu’elles sont, il ne s’agirait pas d’un financement ponctuel, "mais bien structurel et permanent, sans que la Wallonie ne puisse jamais, en contrepartie, maîtriser des leviers aussi importants que l’enseignement notamment".
Bref, la Communauté "risque de coûter toujours plus cher à la Région wallonne", au gré d’une politique de transferts "plutôt occulte". Cette "confusion" entre Région et Communauté, conclut le régionaliste bien trempé, "a pour conséquence de nier la Wallonie".
On laissera aux intéressés la responsabilité de leurs propos, forcément dominés par l’obsession de voir la Communauté française sinon supprimée, au moins privée de l’essentiel (ses compétences culturelles et scolaires).
Pourtant, objectivement, les questions posées ne sont pas sans intérêt. Voilà une organisation intrafrancophone retravaillée qui, jusqu’ici, n’a pas fait l’objet du moindre débat. Or, elle le mérite. M. Demotte a beau préférer "l’ordre du concret à la tuyauterie institutionnelle" (dans "La Libre" du 26/9), on ressent déjà combien la dynamique voulue d’une "fédération Wallonie-Bruxelles" (appellation encore incontrôlée) se heurte aux difficultés voire aux impossibilités - institutionnelles comme financières - pour les institutions bruxelloises d’y participer vraiment. Qu’il s’agisse de la Région-Capitale ou même déjà, voire surtout, de la Cocof qui est pourtant uniquement francophone