Louis Michel: "Nous sommes les progressistes"

Louis Michel livre son analyse de la situation politique alors que le Mouvement réformateur tient un Congrès ce dimanche à Liège. Maingain: Dans la bonne entente avec le MR "Le FDF en Wallonie : c’est inutile"

Martin Buxant et Francis Van de Woestyne
Louis Michel: "Nous sommes les progressistes"
©Christophe Bortels

Entretien Louis Michel livre son analyse de la situation politique alors que le Mouvement réformateur tient un Congrès ce dimanche à Liège.

L’“Appel” rédigé par Richard Miller, est-ce un retour vers le libéralisme social qui vous est cher…

Je pense que c’est une réaffirmation de l’authenticité libérale : le libéralisme, ce n’est pas le capitalisme, ça fait des années que j’assène cette vérité-là. Ici, on modernise la définition des grandes valeurs et des grands engagements libéraux. Cet Appel aurait pu s’appeler le credo libéral. C’est tout ce en quoi nous croyons. Peut-on être libre si on n’a pas les moyens de s’éduquer, de se loger ou de se cultiver ? Il faut un accès concret aux libertés C’est un exercice fondamental. C’est important que les partis politiques sachent ce qui doit guider leur action politique concrète.

Si ce n’est pas neuf, pourquoi a-t-il fallu réactualiser le Manifeste de 2002 ?

Parce que je pense que le monde a évolué et qu’il fallait décliner nos valeurs en accord avec le monde nouveau. Si vous prenez la place de l’environnement, du développement durable, la question de l’impartialité de l’Etat, ce sont des questions qui sont prégnantes aujourd’hui.

Etes-vous d’accord pour dire qu’il s’agit bien d’un recentrage du projet du MR ?

Je ne pense pas que ce soit un recentrage, c’est une réaffirmation de nos valeurs. Une réhabilitation du libéralisme. Dans la crise que nous connaissons actuellement, il était important que les libéraux réaffirment qu’ils sont contre tout monopole, contre tout abus de position dominante, qu’ils sont pour la compétition, pour un Etat solide qui organise les règles du jeu et qui donne du sens à l’économie de marché. Une économie de marché qui n’est pas humanisée par des règles et des lois, ça ne marche pas. Régulièrement, nos adversaires entretiennent des amalgames injustes et insidieux entre libéralisme et capitalisme.

Quelle est la différence entre le discours que vous tenez et celui du CDH ?

Nous sommes totalement engagés en faveur de la liberté d’entreprendre, nous attachons une très grande importance à ce que les revenus du travail soient préservés au maximum et protégés. Parce que nous pensons que les revenus du travail, c’est ce qui permet au citoyen de se libérer, de s’émanciper et de ne pas être dépendant de puissances occultes. L’Etat doit être présent pour assurer la justice sociale et l’égalité des chances, mais il ne faut pas un Etat intrusif et coercitif systématiquement. Je ne pense pas que le CDH soutienne la campagne des entrepreneurs, nous y sommes au contraire très favorables : laissez les entrepreneurs entreprendre !

Mais où se situe le MR, finalement, sur l’échiquier politique ?

En avant. Nous sommes plus réalistes, plus modernes et au moins aussi démocratiques que les autres

Mais c’est exactement ce que les autres partis disent !

Les autres le disent sans doute mais ne le mettent pas en pratique

L’échelle politique, elle n’est pas en avant et en arrière, elle va de gauche à droite…

C’est un positionnement que je réfute depuis longtemps. Ces repères sont archaïques, ça avait un sens à une certaine époque, mais la lutte des classes, c’est dépassé. Aujourd’hui, vous avez des progressistes, des réformateurs, qui pensent que le monde, les besoins, les incertitudes évoluent, et qui veulent apporter des réponses humaines et réalistes. Nous sommes des progressistes. Et vous avez des conservateurs qui s’arc-boutent sur des concepts, des réponses du passé. Et je pense que les réformateurs sont plus modernes que les autres.

Donnez-nous un exemple.

Je respecte éminemment le combat écologique, mais je peux difficilement comprendre que le moteur de ce combat soit souvent la peur. On annonce la fin du monde tous les jours et on ignore notre formidable potentiel scientifique. Or que constate-t-on quand on voit la ligne du temps ? Que toute une série de problèmes qui paraissent dangereux et insolubles ont été résolus par l’avancée de la science. Une autre différence : bien sûr, il faut changer les modes de consommation. Mais si le modèle économique, c’est porter la décroissance, alors je dis ce sera sans moi. Ce qu’on va perdre en croissance, ce sont les pays émergents qui le prendront. Le sacrifice à la décroissance, dans l’ordre mondial, n’est pas tenable. C’est une forme de régression, une utopie.

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