La Force publique, une saga belge et - sur tout - congolaise

Au départ, entendez : en 1885 lors de la création de l’Etat indépendant du Congo, la Force publique devait assurer le rôle d’une sorte de gendarmerie appelée à soutenir les explorations, à occuper le terrain et, bien entendu, chargée du maintien de l’ordre.

Christian Laporte
La Force publique, une saga belge et - sur tout - congolaise
©n.d.

Au départ, entendez : en 1885 lors de la création de l’Etat indépendant du Congo, la Force publique devait assurer le rôle d’une sorte de gendarmerie appelée à soutenir les explorations, à occuper le terrain et, bien entendu, chargée du maintien de l’ordre. Elle se mua en force militaire au fil des ans et, cas unique en Afrique centrale, elle était composée essentiellement de soldats indigènes qui de la protection du territoire se muèrent en acteurs actifs des deux conflits mondiaux.

Comme on ne connaît plus vraiment l’Histoire de Belgique et, a fortiori, celle de notre ex-colonie, l’on ne saurait assez remercier le Musée de l’Armée et l’Institut des Vétérans - l’INIG - d’avoir préparé une double passionnante exposition consacrée à la saga de la Force publique, entre 1885 et 1960 - pour le premier - et aux Congolais dans l’armée belge - cette fois, de 1885 à nos jours.

Une double approche d’autant plus intéressante que les historiens des deux institutions fédérales ont vraiment mis les petits plats dans les grands.

Le Musée a ainsi puisé dans ses riches collections mais a aussi bénéficié de quelques coups de pouce exceptionnels. On y découvrira par exemple la copie belge de l’Acte général de Berlin du 26 février 1885 qui fut à la base de l’octroi du Congo à Léopold II mais aussi la simple feuille par laquelle le premier ministre belge Gaston Eyskens et son homologue congolais, Patrice Lumumba scellèrent l’indépendance. Leurs signatures et celles des deux ministres des Affaires étrangères figurent de fait sous cette unique phrase pourtant si lourde de conséquences : "Le Congo accède ce jour en plein accord et amitié avec la Belgique à l’indépendance et à la souveraineté internationale"

Entre ces deux documents, il y eut donc la colonie mais surtout une armée coloniale qui n’esquiva jamais ses responsabilités, même si elle fut instrumentalisée à des fins d’active propagande lors de l’Exposition de Tervueren de 1997 puis à la plupart des expos universelles qui se déroulèrent chez nous ou lors de grands anniversaires nationaux.

Il est vrai que la FP méritait les honneurs : en 14-18, elle se retrouva sur moult champs de bataille. Dès septembre 1914, un détachement aida les Français à conquérir le Cameroun, alors colonie allemande. On retrouva aussi la FP pour la maîtrise du lac Tanganyika puis dans l’héroïque bataille de Tabora (Tanzanie) et lors de la prise de Mahenge (Mozambique). En 4 ans, 1895 soldats et plusieurs milliers de porteurs y perdirent la vie.

En 1940, avec l’appui du ministre De Vleeschauwer et du gouverneur Ryckmans, la colonie se rangea résolument du côté des Alliés. Ce qui amena la Force publique à se retrouver dans la campagne d’Abyssinie et au Nigéria mais d’autres troupes allèrent jusqu’au Moyen-Orient (Egypte, Palestine) et même jusqu’en Birmanie (hôpital de campagne) et à Madagascar.

Au lendemain de la guerre, la colonie connut une période heureuse mais l’africanisation des cadres fut sans doute trop tardive. Et l’excellent accueil réservé au roi Baudouin en 1955 puis lors des fêtes d’indépendance ne put plus arrêter l’irrésistible aspiration à la décolonisation. Tout ne fut pourtant pas négatif comme le montre aussi le volet de l’expo consacré à la vie quotidienne de la Force publique où fourmillent des pièces rares qui évoqueront bien des nostalgies

L’expo est accessible au MRA du 22 juin au 31 octobre. Rens. : www.klm-mra.be

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