Malika El Aroud, "l’icône des djihadistes", jugée en appel
Elle est considérée par le parquet fédéral comme "l’icône des djihadistes" , comme une des plus influentes propagandistes sur Internet du combat armé. Mais elle prétend qu’elle ne voulait que défendre le peuple afghan.
Publié le 02-11-2010 à 04h15 - Mis à jour le 02-11-2010 à 09h35
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Elle est considérée par le parquet fédéral comme "l’icône des djihadistes" , comme une des plus influentes propagandistes sur Internet du combat armé. Mais elle prétend qu’elle ne voulait que défendre le peuple afghan. Malika El Aroud, qui n’avait pu convaincre au printemps dernier le tribunal correctionnel de la justesse de son combat, se retrouve mardi devant la cour d’appel de Bruxelles.
Malika El Aroud, 51 ans, est une vieille routière de l’islamisme. Son premier mari, Abdessatar Dahmane, avait commis, deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001, l’attentat-suicide qui avait coûté la vie en Afghanistan au commandant Massoud. Jugée à Bruxelles dans le cadre de cette filière, elle avait été acquittée en 2003. Condamnée en Suisse en 2007 à six mois de prison avec sursis pour ses appels au djihad, elle n’avait pas échappé en mai à une lourde condamnation devant le tribunal correctionnel de Bruxelles.
Huit ans de prison pour sa participation à une filière d’envoi de djihadistes vers le Waziristan, base d’al Qaeda au Pakistan. Pour le tribunal, elle était un rouage essentiel, sinon l’instigatrice, de ce réseau qui avait envoyé vers ces camps au moins cinq personnes qui y avaient été entraînés en 2008 au maniement des armes et à la manipulation d’explosifs.
Pour le tribunal, elle avait "directement participé au recrutement de candidats au djihad" . Parmi ceux-ci, un jeune Français mort en Afghanistan. Elle avait répandu sur Internet l’idéologie du réseau terroriste, aidé au financement du groupe, traduit des textes dont un appel à "un châtiment divin" contre les autorités suisses. Pour les juges, ces appels ne pouvaient résulter de la simple liberté d’expression ou d’opinion. Le tribunal s’était dit stupéfait par la violence des propos de cette femme qui, devant le tribunal, s’était "excusée auprès des porcs de les avoir comparés à des soldats américains" .
Plusieurs des combattants de cette filière ne sont pas revenus. Moez Garsallaoui, le mari de Malika considéré avec elle et un troisième comme le chef de cette filière, serait toujours en Afghanistan. D’autres sont en Belgique revenus désabusés. Et ils menaçaient la sécurité, avait estimé le tribunal, même si aucun projet précis d’attentat n’a été mis à jour. Ces sept hommes avaient été condamnés à des peines comprises entre trois ans et huit ans de prison, éventuellement assortis d’un sursis.
Hormis Malika El Aroud, un seul a fait appel. Ils seront donc deux à se retrouver sur le banc des prévenus pour un procès, pour lequel cinq audiences sont prévues et où, comme pour tous les procès de terrorisme, la sécurité sera maximale au palais de justice. Malika El Aroud s’est adjoint un deuxième avocat : Me Michel Graindorge plaidera pour elle avec Me Fernande Motte de Raedt.