Erreurs médicales : en parler
Il y a quelques mois est née l’ASBL "Action erreurs médicales", créée par les proches de plusieurs patients morts pour n’avoir pas bénéficié des soins médicaux appropriés.
- Publié le 03-03-2012 à 04h16
Il y a quelques mois est née l’ASBL "Action erreurs médicales", créée par les proches de plusieurs patients morts pour n’avoir pas bénéficié des soins médicaux appropriés.
Son président est Philippe Cailliau, qui a perdu sa fille de 22 ans, Mélanie, en mai 2004. Le généraliste qui soignait la jeune femme fut condamné en première instance à un an de prison avec sursis pour homicide involontaire avant de bénéficier de la suspension du prononcé en degré d’appel. Pourtant, il ne fut jamais suspendu par le Conseil de l’ordre.
L’ASBL n’a pas, selon M. Cailliau, pour objet de suivre les cas individuels ou de s’acharner sur les professionnels qui manqueraient à leur devoir. La volonté de ses créateurs est de tenter de sensibiliser les autorités à un phénomène qui, "d’après les chiffres du SPF Santé, concerne 20 000 patients et fait 2 000 morts par an, bien plus que les accidents de la route, lesquels mobilisent pourtant massivement la classe politique" .
L’ASBL, qui refuse tout subside afin de garantir son indépendance d’action, regrette l’absence de transparence du Conseil de l’ordre et le côté secret des procédures disciplinaires dont on ne connaît que très rarement l’aboutissement. "Nous ne sommes pas des va-t-en-guerre , explique M. Cailliau. Nous reconnaissons que la grande majorité des médecins sont compétents et nous pouvons comprendre que, comme dans tout groupe social, il existe un pourcentage de professionnels moins fiables. Mais qu’on les protège, que leur réputation soit sauvegardée au-delà de l’acceptable, même par la justice, nous ne pouvons l’admettre."
En d’autres termes, l’ASBL entend œuvrer pour une responsabilisation accrue des praticiens, comme on l’exige d’autres professionnels exerçant des métiers "à risque".
M. Cailliau regrette, dans la foulée, que trop de médecins n’expliquent pas à leurs patients la teneur de leur diagnostic ou les conséquences d’un geste médical et se prennent, en quelque sorte, pour une sorte de dieu, détenteur de la science infuse. Le tout dit d’un ton mesuré mais avec une fermeté dont M. Cailliau espère qu’elle suffira à faire entendre le message de son association par la corporation et par les élus. "Pour que les choses bougent car nous recevons de plus en plus d’appels de familles endeuillées et désorientées face à l’inertie de leurs interlocuteurs."