Prisons sous tension, policiers aussi
La ministre de la Justice, Annemie Turtelboom (Open VLD), a intérêt à faire passer, dimanche, lors du contrôle budgétaire, son plan pour une meilleure exécution des peines, plan qui suppose le déblocage de fonds pour le personnel des prisons et pour les peines alternatives.
Publié le 14-07-2012 à 04h15
La ministre de la Justice, Annemie Turtelboom (Open VLD), a intérêt à faire passer, dimanche, lors du contrôle budgétaire, son plan pour une meilleure exécution des peines, plan qui suppose le déblocage de fonds pour le personnel des prisons et pour les peines alternatives.
Si elle réussit, cela pourrait calmer l’ire des gardiens de prison. Sinon, leur grogne pourrait s’amplifier et s’étendre au-delà de la prison de Saint-Gilles "en vedette" cette semaine, avec deux grèves de 24 heures, lundi et vendredi, toutes deux déclenchées en raison de la surpopulation carcérale.
Vendredi, le secrétaire fédéral CGSP Gino Hoppe a dénoncé l’absence de négociations entre la direction et les gardiens. Selon lui, le directeur régional des établissements pénitentiaires côté nord rentrera de vacances fin juillet. Le directeur général de la prison rentrera, lui, lundi. Sa remplaçante a conseillé aux syndicats d’attendre son retour. Les discussions sont donc au point mort. "Les grèves de la semaine prochaine sont maintenues" , a averti M. Hoppe.
De son côté le porte-parole de la direction des établissements pénitentiaires Laurent Sempot a rappelé que des concertations avaient déjà eu lieu. Il a indiqué que les adjoints à la direction sont présents pour gérer les discussions mais qu’il existe un désaccord.
Syndicats et administration risquent d’avoir des soucis avec une troisième partie au dossier. La police. Le collège de police et l’état-major de la zone Midi ont attiré l’attention, vendredi, sur les conséquences de la mobilisation de leurs effectifs pour remplacer les gardiens de prisons lors des grèves. Ils s’inquiètent pour la sécurité dans les établissements pénitentiaires mais aussi pour celle des citoyens qui vivent sur leur territoire.
Les policiers affectés à la prison de Saint-Gilles sont prioritairement ceux qui ont normalement à charge la sécurisation et la prévention dans les quartiers, disent-ils. La lutte contre la criminalité au quotidien s’en ressent.
A deux reprises, 40 policiers en repos ont été rappelés. Une journée de grève mobilise, en moyenne, 70 policiers, qui ne disposent d’aucune formation et sont mal accueillis par les détenus. Après quelques jours de grève, la tension monte, avec un risque de rébellion.
Pas plus tard que jeudi, deux policiers de la zone ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel pour coups et blessures sur des détenus, alors qu’ils remplaçaient des gardiens grévistes à la prison de Forest, en 2009.
Les responsables de la zone Midi rappellent qu’ils ont, à de nombreuses reprises, interpellé les autorités fédérales à ce propos et que leur patience a des limites.J.-C.M. (avec Belga)