S’intégrer, mais dans quelle Belgique ?
Pourquoi revenir, encore, sur le second débat au Parlement wallon relatif à la nouvelle proposition de décret MR visant à imposer un parcours "d’accueil et d’intégration civique" aux primo-arrivants en Wallonie ?
Publié le 19-07-2012 à 04h15 - Mis à jour le 19-07-2012 à 07h22
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Pourquoi revenir, encore, sur le second débat au Parlement wallon relatif à la nouvelle proposition de décret MR visant à imposer un parcours "d’accueil et d’intégration civique" aux primo-arrivants en Wallonie ? Mais parce que, encore, de nouveaux éléments sont intervenus durant la quinzaine écoulée ! Soit les quinze jours qui auront séparé le rejet de cette proposition par la majorité PS-Ecolo-CDH d’abord en commission, ensuite, mercredi soir, en séance plénière
Ce sont des éléments qui dépassent d’ailleurs le débat - ou le radotage ? - intrawallon. Et qui interpellent plutôt sur la cohérence intrabelge du registre.
On en voit deux.
Un : la tendance, encore à confirmer, qui se dessine dans la majorité régionale bruxelloise pour instituer un tel parcours plus largement obligatoire. Il serait au moins contraignant dans son volet d’apprentissage du français ou du néerlandais, plaide ainsi, depuis la semaine dernière, le ministre-Président Charles Picqué (PS). Alors que, pour rappel, la "note décisionnelle" adoptée le 5 juillet entre ministres wallons de l’Olivier limite en Wallonie la portée obligatoire de la démarche à sa première étape, celle d’un accueil.
Deux : l’accord (ou plutôt le préaccord), annoncé lundi, obtenu en groupe de travail majoritaire cette fois au niveau fédéral, pour réformer le code de la nationalité et durcir l’accès à celle-ci. Il y est donc question de connaître obligatoirement l’une des trois langues nationales et de pouvoir prouver aussi son intégration sociale et sa "participation économique". S’ils sont distincts, les registres se recoupent forcément. Pour preuve, on échafaude déjà des concertations belgo-belges sur l’apprentissage de la langue pour savoir qui financera quoi !
Toujours est-il, on l’a deviné, que le MR wallon trouve dans cette actualité de quoi conforter le bien-fondé de sa thèse. Face aux futures conditions plus strictes pour l’obtention de la nationalité, le "petit pas timide du gouvernement wallon" limitant l’obligation à se présenter à l’accueil ne tiendrait pas, plaidait hier le chef de groupe Willy Borsus. Et face à ce qui d’une part existe en Flandre et d’autre part serait prévu à Bruxelles, la position wallonne, "avec des intonations variables" entre coalisés encore bien, ajouterait à la "cacophonie ambiante". C’est "extrêmement fâcheux", poursuit M. Borsus : "Serions-nous tellement différents qu’un parcours d’intégration à Charleroi ou Liège ne serait pas celui mis en place dans les communes bruxelloises ? Quel message de simplicité et de projection à l’extérieur !".
Du nouveau volet nationalité, aucun autre intervenant ne pipera mot. Idem sur Bruxelles, dans les groupes PS (Isabelle Simonis) et Ecolo (Matthieu Daele). En revanche, le CDH (Marc Elsen) dit se soucier de voir apparaître, entre francophones, "des dispositifs les plus semblables possibles". La ministre Eliane Tillieux (PS) prolonge : "Le nouveau décret, présenté à la rentrée, sera préparé en concertation avec les autres entités puisque nous avions souhaité travailler de concert entre francophones, même si la réalité des uns n’est pas celle des autres"
Pour le reste, c’est à qui taxe le plus le texte MR d’électoralisme et de logique exclusive plutôt qu’émancipatrice.
Tandis que, décidément seul et à part, l’ex-Ecolo Bernard Wesphael reproche à la proposition majoritaire "sa demi-mesure" et au parcours d’intégration obligatoire, auquel il est favorable, d’être "insuffisant" tant aujourd’hui "l’intégration est souvent un échec" à ses yeux.