Demande de naturalisation d'Arnault : "Laissez venir ces Francais"
Le patron de LVMH Bernard Arnault, au coeur d'une polémique après sa demande de double nationalité franco-belge, a fait réagir le monde politique belge.
Publié le 09-09-2012 à 17h24 - Mis à jour le 09-09-2012 à 17h36
La nouvelle loi sur la nationalité qui entrera en application au début de l'année prochaine offre au patron de LVMH, Bernard Arnault, plus de chances de devenir Belge que l'ancienne mouture de la loi, a affirmé dimanche le député Theo Francken (N-VA).
Le nationaliste flamand, membre de la commission des naturalisations de la Chambre, se montre d'ailleurs enclin à accorder au magnat français du luxe la nationalité belge. Cette nouvelle loi contient une procédure d'urgence d'acquisition de la nationalité belge ouverte aux personnes pouvant faire état de mérites exceptionnels, qui contribuent au rayonnement international de la Belgique, etc., a expliqué le député. Dans ce cas, aucune condition relative à la durée de la résidence en Belgique ne doit être remplie.
Selon M. Francken, il ne fait aucun doute que M. Arnault appartient à cette catégorie. Par ses activités, il contribue à l'emploi en Belgique. Le député conseille donc à l'homme d'affaires d'attendre l'entrée en vigueur de la nouvelle loi avant de déposer sa demande. La loi actuelle requiert en effet une durée de résidence de trois ans en Belgique.
Ce sont vraisemblablement les projets de relèvement de l'impôt sur les hauts revenus du gouvernement socialiste de Jean-Marc Ayrault qui ont guide le choix de M. Arnault, estime le député qui s'attend à ce que les socialistes francophones belges tentent de contrecarrer la demande.
Le nationaliste flamand est prêt au contraire à ouvrir ses bras au Français. "Laissez venir ces Français. Arnault, dès qu'il sera Belge, aura plus envie d'investir dans la 'petite Belgique' (en français dans le texte)", a-t-il déclaré.
Cette capacité socialiste à faire fuir les capitaines d'industrie
Le MR n'entend pas se prononcer sur la demande de naturalisation du magnat français du luxe, Bernard Arnault. Sur la forme, il entend que l'examen du dossier suive son cours normal.
Selon lui, la demande mérite d'être traitée comme toutes les autres demandes. Cette prudence n'a toutefois pas empêché le chef de groupe MR à la Chambre, Daniel Bacquelaine, de jeter quelques pierres dans le jardin des socialistes. "Je m'interroge sur la capacité des socialistes à faire fuir les capitaines d'industrie quand ils ont tous les pouvoirs", a-t-il souligné dimanche.
Cela ressemble à du tourisme fiscal, selon Linda Musin
La demande de naturalisation du magnat français du luxe, Bernard Arnault, ressemble de très près à du tourisme fiscal, a jugé dimanche la députée Linda Musin (PS), vice-présidente de la commission des naturalisations de la Chambre. "Je trouve cela indécent, choquant: cela ressemble à du tourisme fiscal. Je ne saisis pas très bien l'utilité d'une telle demande, sinon un coup de pub comme un autre", a souligné Mme Musin, interrogée par l'agence BELGA.
La députée socialiste a appris l'existence de cette demande de naturalisation en lisant la presse. Selon elle, la demande ne doit pas recevoir un ordre de priorité particulier et sera traitée comme les milliers d'autres pendantes devant la Commission.
"Je ne vois pas pourquoi elle devrait être prioritaire. Elle viendra quand elle viendra et sera traitée comme toutes les autres. A la rentrée, nous reprendrons nos travaux et nous avons tous des centaines de dossiers à examiner", a-t-elle expliqué. Mme Musin ne croit guère à l'échéance de la fin de l'année ou du début de l'année prochaine avancée par le président de la Commission, Georges Dallemagne (cdH), pour examiner la demande de M. Arnault. "Cela me semble très rapide. Il y a toute une procédure pour faire cela sérieusement et correctement. On ne peut pas faire cela au pas de charge", a-t-elle dit.