Des visiteurs très inquiets
Les visiteurs bénévoles de prison, qui travaillent dans l’ombre, sont des témoins privilégiés de ce qui s’y vit. Par l’écoute et l’accompagnement de détenus souvent très fragilisés, ils apportent un peu d’humanité derrière les barreaux et font le lien nécessaire entre l’extérieur et l’intérieur de la prison, avec ceux qui en sortiront un jour. A cet égard, le durcissement de l’accès à la libération conditionnelle, décidé par le gouvernement Di Rupo, inquiète vivement l’Association de visiteurs francophones de prison de Belgique. Ces citoyens conscientisés observent des situations de vie devenues inacceptables "qui peuvent entraîner des catastrophes". Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre, Elio Di Rupo (PS), et à la ministre de la Justice, Annemie Turtelboom (Open VLD), ils conjurent les décideurs de ne pas compliquer la libération conditionnelle, "un des remparts à la récidive".
Publié le 20-09-2012 à 04h15
Les visiteurs bénévoles de prison, qui travaillent dans l’ombre, sont des témoins privilégiés de ce qui s’y vit. Par l’écoute et l’accompagnement de détenus souvent très fragilisés, ils apportent un peu d’humanité derrière les barreaux et font le lien nécessaire entre l’extérieur et l’intérieur de la prison, avec ceux qui en sortiront un jour. A cet égard, le durcissement de l’accès à la libération conditionnelle, décidé par le gouvernement Di Rupo, inquiète vivement l’Association de visiteurs francophones de prison de Belgique. Ces citoyens conscientisés observent des situations de vie devenues inacceptables "qui peuvent entraîner des catastrophes". Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre, Elio Di Rupo (PS), et à la ministre de la Justice, Annemie Turtelboom (Open VLD), ils conjurent les décideurs de ne pas compliquer la libération conditionnelle, "un des remparts à la récidive".
Les visiteurs perçoivent clairement les dangers d’un durcissement sur le détenu, sa famille, sa vie sociale, mais aussi sur l’aggravation "inévitable" de la criminalité en prison. "Entraver, voire tuer l’espoir, est en effet le plus sûr moyen de casser les possibilités de réinsertion, en enfermant irrémédiablement les détenus dans leur condition dégradante". Au lieu d’allonger les délais avant les libérations conditionnelles et les rendre encore plus difficiles à obtenir, il conviendrait de donner aux acteurs en prison les moyens adéquats pour favoriser la (ré) insertion, insistent-ils. L’insécurité vient d’abord du manque de perspectives d’avenir pour une trop large frange de la population, ajoutent les visiteurs. "La libération conditionnelle est une modalité d’application de la peine, assortie d’une mesure d’encadrement qu’il faudrait fortement encourager et qui mérite des moyens bien plus considérables pour permettre une réinsertion convenable".
L’urgence, c’est de se préoccuper des 17 000 détenus qui sortent de prison chaque année "dans des états de désespérance tels qu’il leur deviendra difficile, voire impossible de ne pas être remplis d’agressivité et d’esprit de vengeance". Dans ces conditions, ne seront-ils pas, demain, une menace bien plus grande pour la sécurité des citoyens ? "Ces dispositions nouvelles ne sont en rien gage de plus de sécurité; elles ne feront qu’aggraver la violence carcérale, la surpopulation, et rendre encore plus improbable une réinsertion en fin de peine", avertissent encore les visiteurs de prison.