Prisons: "Un engorgement du système"

La surpopulation carcérale et la problématique des grèves des gardiens sont pointées du doigt dans un rapport européen. LaLibre.be a recueilli le témoignage de Vincent Spronck, directeur de la prison de Forest.

S. Legros
Prisons: "Un engorgement du système"
©Photonews

Une délégation du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) avait effectué une visite en Belgique du 23 au 27 avril 2012. Elle s'est rendue pour la première fois à la maison d'arrêt de Forest et a brièvement visité la prison d'Andenne.

Cette visite ad hoc, indépendante de celles prévues périodiquement tous les 4 ans, annonçait le caractère peu glorieux de ces deux prisons. Et le rapport du CPT, qui vient d'être publié, en atteste. Une nouvelle fois, la surpopulation carcérale et la problématique des grèves des gardiens de prisons sont pointées du doigt.

Du côté de la direction de la prison de Forest, on n'est guère étonné par la sévérité du rapport de la CPT. "Je ne suis pas surpris par ce que j'ai lu dans le rapport et qui est tout à fait fidèle à la réalité", nous assure Vincent Spronck, directeur de l'établissement pénitentiaire. "Les problèmes sont connus depuis suffisamment longtemps à Forest. La combinaison d'une surpopulation qu'on n'arrive jamais à résorber, d'infrastructures défaillantes et d'un encadrement relativement faible empêche de fournir un régime satisfaisant et conforme à ce qui est prescrit".

Quant aux décideurs politiques, ils ne sont pas moins au courant de l'état désastreux des prisons. "Ce sont des rappels, je ne suis pas sûr que le gouvernement ait appris quelque chose en lisant le rapport du CPT. Tout le monde est conscient du problème de surpopulation", confie M. Spronck.

De là à dire que tout est perdu d'avance? Pas tout à fait. Selon le directeur de la prison de Forest, négliger les constats établis par le Comité européen serait une grave erreur. "Il faut en tout cas prendre au sérieux les déclarations du CPT. Et voir les plans d'actions qu'on peut mettre en place. Car ils reviendront effectuer des contrôles et ne fut-ce que d'un point de vue symbolique, il faut essayer de faire bouger certaines choses".

Et si M. Spronck reconnaît que les solutions sont difficiles à trouver, il prône une refonte radicale du système: "Tant que la justice pénale devra continuer de s'occuper de tout ce dont elle a à sa charge, il va y avoir un engorgement du système". Des mesures concrètes peuvent être trouvées assez rapidement. "On construit de nouvelles prisons, et tous les académiques disent que ce n'est pas la solution parce que plus on construit, plus on remplit. Je suis théoriquement d'accord avec cela mais quand je vois la situation de Forest, je ne vois pas d'autres solutions à court terme que la construction de nouvelles places".

Les directeurs de prisons ne sont de toute façon pas naïfs. Ils savent que le gouvernement est aussi limité au niveau de ses moyens. "Les décideurs politiques connaissent la situation et s'y sensibilisent. Mais ils ont eux aussi des contrainte financières. Ils ont des priorités et on sait que politiquement, la prison est rarement porteuse pour investir massivement dedans", assure M. Spronck.

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