Michel: "Freiner l’assainissement ? Non !"
Le président du MR ne veut pas relâcher l’effort d’assainissement : il faut atteindre un déficit de 2,15 % en 2013. Au niveau européen, il propose un patriotisme belge et européen pour sauvegarder l’industrie sur le "Vieux Continent".
Publié le 07-03-2013 à 08h54 - Mis à jour le 07-03-2013 à 09h29
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Le contrôle budgétaire va bientôt débuter. Le PS estime qu’il faut assouplir la trajectoire. D’accord… ?
Le PS tente de geler l’assainissement budgétaire. C’est inquiétant. La croissance est plus faible et, par conséquent, les efforts doivent être plus importants. Nous avons une obligation de résultat. Il faudra un accord au gouvernement sur l’ajustement budgétaire 2013. Pour après, il faudra avoir les concertations au niveau européen.
Pour 2013, faut-il ou non maintenir ou assouplir l’objectif : un déficit de 2,15 % du Produit intérieur brut.
Nous refusons la démarche qui consisterait à reporter en permanence notre niveau de vie actuel sur nos enfants et nos petits-enfants. Nous ne voulons pas créer les conditions d’une aggravation des déficits dans les mois ou les années qui viennent. Car finalement, cela conduirait à imposer des sacrifices terribles pour la population : voyez la Grèce et l’Espagne. Là, on a réduit les retraites, le salaire minimum, on a licencié des fonctionnaires. Pour éviter cela, il faut faire des efforts.
Le PS, mais aussi les experts du FMI disent que l’austérité prolongée peut tuer la croissance.
L’abus d’austérité nuit à la croissance économique. Mais il faut être strict. Il est hors de question, comme certains le voudraient à gauche, de stopper les efforts d’assainissement. Nous sommes donc pour le respect d’un déficit de 2,15 % en 2013 Si, dans le cadre d’une stratégie européenne, il y a un assouplissement ou si l’on en arrive à distinguer des dépenses d’investissement et de consommation, nous serons réalistes. Car il y a des dépenses qui alimentent les déficits structurels et d’autres qui favorisent la croissance et l’assainissement grâce à la création d’emplois.
Que proposez-vous: des réductions de dépenses, des recettes nouvelles, des opérations non récurrentes ?
Je ne négocie pas par presse interposée. Mais il faut dire la vérité : la situation est difficile. En un an et quelques mois, nous avons déjà réalisé 18 milliards d’assainissement dans le cadre du budget fédéral. C’est colossal. Les milliards suivants sont plus compliqués à trouver. Cet assainissement a été réalisé sans toucher à l’impôt sur le travail, à la TVA, à l’impôt des sociétés. On a rationalisé la dépense publique avant d’aller puiser dans la poche des citoyens, des entreprises, des PME. Il faut dépenser moins et mieux. Il faut valoriser certaines recettes, lutter contre toutes les formes de fraudes. Et surtout veiller, dans chaque mesure que l’on prendra, à ne pas pénaliser l’emploi.
Il y a une façon de respecter la trajectoire, dit le PS: taxer les grosses fortunes, établir un impôt minimum sur les sociétés, prélever une taxe sur les plus-values…
Si les recettes du PS fonctionnaient, la Wallonie ne serait pas dans cet état-là. Où le taux de chômage est-il le plus élevé ? A Mons, dans le Borinage, à Bruxelles, partout où le PS occupe tout le pouvoir de manière quasiment absolue depuis des décennies. Le PS a une part majoritaire de responsabilité dans cet échec. Là où le MR a plus de poids dans la décision, le Brabant wallon, le Luxembourg, Liège, ce que l’on appelle "la Lotharingie", il y a des succès.
Caricature…
Voyez notre action au fédéral. On a engagé des réformes structurelles : la réforme des retraites, la liberté de travailler pour les plus de 65 ans, la réforme du chômage. Il faut aller plus loin. La situation financière difficile libère peu d’espace pour moderniser notre structure économique. D’où l’importance de poursuivre l’assainissement : on paye 12 milliards en charges d’intérêt de la dette. Il faut donc la réduire pour trouver des moyens qui alimenteront des réformes fiscales qui permettront de baisser le coût du travail et de favoriser la relance.
Seules, la Wallonie, Bruxelles, la Flandre, ni même la Belgique ne peuvent s’en sortir. L’Europe, très libérale, bouge peu.
Il y a urgence. Je plaide pour la mise en place, à l’échelle belge et européenne, d’un double label "made in Belgium" et "made in Europe". Il faut conscientiser le citoyen au fait que l’Europe ne peut pas être ni un bouc émissaire - il y a du côté socialiste une forme de flirt avec l’euroscepticisme à bon marché - ni le dindon de la farce de la mondialisation.