Il faut réformer notre diplomatie sans tabous

La réforme de l’Etat a sérieusement bousculé les habitudes diplomatiques belges. Et le monde n’a lui aussi cessé de se fragmenter. Comment trouver sa voie dans un tel environnement ? Pour son tout premier document stratégique, le Groupe du Vendredi (GdV), né dans l’environnement de la Fondation Roi Baudouin et réunissant des jeunes talents de 25 à 35 ans, n’a pas choisi la facilité. L’exercice présenté vendredi soir lors de son lancement officiel n’en est que plus méritoire.

Secousse

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a réforme de l’Etat a sérieusement bousculé les habitudes diplomatiques belges. Et le monde n’a lui aussi cessé de se fragmenter. Comment trouver sa voie dans un tel environnement ? Pour son tout premier document stratégique, le Groupe du Vendredi (GdV), né dans l’environnement de la Fondation Roi Baudouin et réunissant des jeunes talents de 25 à 35 ans, n’a pas choisi la facilité. L’exercice présenté vendredi soir lors de son lancement officiel n’en est que plus méritoire.

Une première certitude : "obnubilé par la politique nationale, le gouvernement a besoin d’une diplomatie plus créative vis-à-vis d’un ordre global en mutation". Pour le GdV, il faut que tant les parlementaires que le ministre des Affaires étrangères s’y investissent en veillant par ailleurs à une meilleure harmonisation entre les différents niveaux de pouvoir "tant qu’un modèle fédéral ou confédéral sera en place".

Cela fera peut-être froncer les sourcils de Didier Reynders mais pour le "think tank", il faut que "le rôle du Ministère évolue, passant de celui de grand patron de notre diplomatie à celui d’un facilitateur stratégique efficace". En lien avec ce qui précède, cela implique aussi qu’"au lieu d’être de simples filiales du ministère fédéral des Affaires étrangères, nos ambassades doivent devenir de véritables interfaces internationales". En clair : il faut une réelle coordination entre diplomates fédéraux et fédérés. A l’option de plus en plus irréaliste en ces temps de grandes restrictions budgétaires de créer aussi des "vitrines" de nos différentes entités, le GdV préfère que "les ambassades deviennent des pôles d’activité dynamique où tous les atouts de notre société seraient mis en valeur de la manière la plus convaincante". Cela passe aussi par une présence de certains services à compétence externe mais dépendant d’autres ministères tant fédéraux que régionaux.

Le GdV propose aussi de rafraîchir les "journées diplomatiques" Ressemblant actuellement à trop de "séances à huis clos sur des questions sensibles", il siérait de profiter de la présence des diplomates pour les mettre en contact avec des experts, des chefs d’entreprise, voire des parlementaires.

Et tant qu’à réfléchir sur d’autres manières de voir notre diplomatie, pourquoi ne consulterait-on pas l’opinion à travers les grands acteurs clé, les lieux de réflexion et, enfin, les représentants de la Nation ?

Mais il faut aussi rester "branché" sur les mutations de l’ordre mondial ce qui peut justifier la mise sur pied d’un réseau consultatif.

Le Groupe du Vendredi pense aussi qu’"une diplomatie créative est aussi une diplomatie holistique". En d’autres termes, il faut sans doute élargir les intérêts belges à promouvoir au-delà "des intérêts économiques et des questions de haute politique". Question d’améliorer notre image, les signataires évoquent "un plan d’action conjoint culturel" mais aussi la "diplomatie académique". Autre piste suggérée : la création de réseaux informels d’expatriés qui peuvent être "des sentinelles" mais aussi "les facilitateurs de nouveaux partenariats".

Le Groupe du Vendredi tient évidemment aussi compte de la spécificité de "petit pays" : "une diplomatie qui entend être créative ici doit miser sur les relations bilatérales" mais évidemment aussi continuer à "faire progresser l’intégration européenne et développer les organisations multilatérales" . Si la stratégie économique prend encore une large place dans ses recommandations, le GdV n’en reste pas moins aussi favorable à ce que "la Belgique continue à investir dans ses capacités militaires" . Une approche qui n’est pas toujours prônée par l’ensemble des partenaires gouvernementaux. Christian Laporte

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