La "nouvelle ville wallonne" de Lutgen, pas à l’ordre du jour

Charleroi, Liège, Namur, Mons, vont-elles bientôt devoir s’effacer devant une nouvelle métropole wallonne? C’est ce qu’il pourrait arriver si on suit la proposition émise par Benoît Lutgen, le président du CDH.

F.C.
La "nouvelle ville wallonne" de Lutgen, pas à l’ordre du jour
©Institut Jules Destrée

Charleroi, Liège, Namur, Mons, vont-elles bientôt devoir s’effacer devant une nouvelle métropole wallonne ? C’est ce qu’il pourrait arriver si on suit la proposition émise par Benoît Lutgen, le président du CDH. Dans "Sud Presse" début juin, il a demandé la construction d’une cité pour faire face au défi démographique en Wallonie : 400 000 habitants en plus dans les 10 à 15 ans à venir.

Le CDH dit avoir identifié plusieurs endroits susceptibles d’accueillir cette nouvelle ville - ou plusieurs villes plus petites, sans toutefois les citer. "En Hainaut, en province de Liège, ailleurs encore, il y a des espaces disponibles, et bien situés, notamment en termes de communication", a ajouté le président.

Cette idée a fortement irrité au sein du gouvernement wallon : le CDH, pourtant partenaire de l’Olivier, a fait sa sortie en solo et Philippe Henry (Ecolo), ministre régional chargé de l’Aménagement du territoire, a renvoyé le numéro 1 des humanistes à ses chères études en qualifiant, dans "Le Soir", son idée de "formule simpliste".

Pas très original

En réalité, l’idée de Benoît Lutgen n’est pas neuve. Pas neuve du tout, même. La preuve, c’est que le gouvernement wallon a planché sur la question à partir d’une étude réalisée en 2011 par l’Institut Jules Destrée sur l’avenir du territoire wallon à l’horizon de 2040.

Cette étude est une base pour l’élaboration du prochain schéma de développement de l’espace régional (le "SDER", actuellement examiné par l’exécutif wallon). Parmi les nombreuses pistes proposées dans l’étude en question, on retrouve en effet la piste de création de villes nouvelles, pouvant accueillir 50 000 habitants chacune.

L’étude en question, dans le cadre d’une réflexion de pure prospective, avec une bonne dose de fiction urbanistique, retenait plus particulièrement trois emplacements pour l’implantation des Louvain-la-Neuve de demain. Leurs noms : Lessines-la-Neuve, Ville-en-Famenne et Luxembourg-Nord

Ces trois sites "permettraient d’une part d’appuyer les axes de développement économiques de la Wallonie (Bruxelles-Lille/Bruxelles-Namur-Luxembourg) et, d’autre part, de mieux maîtriser la logique résidentielle à la frontière du Grand-Duché", détaillait en effet l’étude.

A quoi ressembleraient ces villes du futur destinées à absorber la croissance de la population wallonne ? "Elles seraient piétonnes et adaptées aux modes doux, facilement accessibles par des transports en commun très performants, autosuffisantes d’un point de vue énergétique et semi-suffisantes en termes d’approvisionnement alimentaire."

Outre le fait que ces trois "néo-cités" wallonnes seraient également un modèle pour les enjeux posés par le vieillissement de la population, "les nouvelles technologies et des espaces de travail partagés accessibles aux entreprises de services et aux laboratoires de recherche permettraient une réduction des flux domicile-travail et une concentration fonctionnelle des activités à haute valeur ajoutée".

L’Unesco parrainerait

Question : comment finance-t-on tout cela, au fait ? Toujours dans son scénario radical, l’Institut Destrée imagine que le secteur bancaire et le secteur de la construction pourraient être partenaires via "un fonds d’investissement ‘villes nouvelles’ largement doté". L’initiative pourrait aussi être parrainée par l’Unesco et l’Union européenne.

Mais, bon. Comme nous le confirme le cabinet de Philippe Henry, le scénario de création d’une ou de plusieurs villes nouvelles n’est pas du tout sur la table. "On est plutôt dans la valorisation de l’existant, tout en développant notamment les axes stratégiques Marche-Virton-Neufchateau", explique Pierre Castelain, le porte-parole du ministre. Reste que le cabinet confirme la nécessité de trouver des solutions pour créer 350 000 logements d’ici 2040. Dont 280 000 à prévoir dans les lieux centraux.

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